Dans le cadre de NOUVELLES Festival/Danse/Performance à Pôle Sud Strasbourg
Une soirée dédiée à la musique: mais pas n'importe laquelle. Des tubes années 1970, du rock, des mélodies que l'on connait par cœur pour les avoir chantées en playback avec sa petite radio portative, en bougeant, en se prenant pour la "star". Nostalgie d'une certaine jeunesse dorée, génération Mai 68, futurs "cols blancs" et sages cravates...???Mais que se passe-t-il alors? Simple phénomène "adulescent" où l'on tangue les yeux fermés en songeant à des amourettes impossibles, fleurs bleues? Voici la vraie question que pose Massimo Furlan, perruqué, travesti, transformé à chaque alternance de chanson référée (La Musica....)Il ne s'agit pas de renouer avec un passé révolu, mais de retrouver ou de faire connaitre à d'autres générations, nos "motifs", nos "appris par corps" d'une époque plutôt charmante, où grondait déjà la révolte. Kitsch en diable, certes mais très réflexive, cette pièce "1973" porte haut et fort les couleurs de la jeunesse, mais aussi du savoir et de l'analyse sociologique des comportements: le rituel est rythme, le rythme est rituel et plonge sa cible dans la mouvance du corps, simple et basique où le chanteur s'offre, se dévoile, fait face, en costume yé-yé, en pattes d'éléphants, en strass discrets.: oui, j'aurais voulu être un chanteur, mais surtout pas casser ma voix! La langue italienne fluide, vivante, volubile confère à l'ensemble un punch et une verve digne de ce nom! Ce concours d'Eurovision, factice, remporte les suffrages et l'on partage dans une simple empathie, les destins de ses futures stars et vedettes des ondes qui feront fantasmer les générations dansantes. Celles qui se meuvent avec sincérité sur les phrasés musicaux les plus édulcorés! C'est sweat et on se délecte, comme avec un bonbon fondant, une barbe à papa qui se dévore à l'arrachée.Souvenirs, souvenirs....
FANNY DE CHAILLE
"Gonzo conférence"
Après l'Eurovision, voici les coulisses du rock, de la solitude partagée du chanteur, ou plutôt de la performeuse, Fanny De Chaillé.
Le contexte change lorsde la soirée: nous sommes debout, au pied de la scène, du proscénium, comme à un concert rock! Debout donc, les fans ou ex-fans de rock en roll! On assume en quittant nos confortables fauteuils de velours du spectacle précédent..Au micro, en retrait dans la salle la narratrice, l'auteure, Christine Bombal,celle qui fera avec le verbe, les mots, la "conférence" des oiseaux, des bêtes du rock où une analyse des attitudes, comportements et du contexte d'un concert est très finement exposée.
Le rock, c'est la cérémonie, la célébration du leader, celui qui expose son corps sans pupitre ni partition, au regard de l'autre. Se jeter dans l'arène, corps perdu, à son défendant, sans filet! Corps électrique, issu de l'énergie fabriquée, celle qui éclaire, magnifie, celle qui fait sortir de l'ombre sous les sunlight De l'audace, du courage ou simplement l'effet rituel? Le chanteur de rock est "maladroit, imparfait autodidacte" nous livre la narratrice. Tandis que la danseuse exécute les gestes, postures et attitudes obligées du "milieu" rock.Un milieu qui n'est pas celui de la danse classique (l'espace conquis après le travail à la barre)."Ceci est mon corps" en partage: communion, petite messe du soir ou "grand messe" des réunions gigantesques de fans d'événement rock.On dit d'un chanteur qu'il "bouge" bien....Dans une mise en scène pauvre, basique, où les micros plombent, scotchent le corps ou à contrario déterminent, conditionnent le mouvement. La communauté rock est "verticale", s'identifie à son héros vedette, s'y conforme, l'imite, le réclame, l'idolâtre.Fanny est de ceux là: femme ou homme, en tout cas égérie de la pièce..La voix est amplifiée, c'est comme un zoom, une focalisation sur une partie du corps qui émet, éructe le son, la parole. Mais Fanny ne parle pas, elle pose, attend, se donne en pâture, se livre, se délivre au public qui la porte comme à l'église dans un rituel de portage de statue divinisée. Ce corps est mort, vivant, figé, embaumé, fétichisé?Les autres, les voyeurs, feront-ils "fanny", exécuteront-ils leur cible dans le mille?
Se jeter dans la fosse: la danseuse est à nos pieds. Sommes nous "soumis" à ses caprices où bien moteurs galvanisateurs, seuls prétextes à sa présence? Du corps-texte (cortex)qui file durant tout le temps de la représentation, surgissent des mots forts, puissants qui font la partition sonore, tremplin de la danse, du "bougé" rock de la danseuse, en bottes, habillée moulée de noir.Elle "porte" et revêt le corps banal du chanteur, figure la simplicité de ce héros d'un soir qui retombera comme un soufflé après la cuisson, cuisante.
Le corps du chanteur se gonfle, se dégonfle: a-t-il la frite ou la banane?
Alors, le rock, ce "mode de vie" cette tendance où les formes sont abolies au profit des tripes et de la chair exposée à l'écoute, alors le rock peut repartir avec son absence de formatage laissant un parfum irritant et joyeux à la foi.Toujours sans voile, sans pupitre ni partition!!!!
dimanche 22 mai 2011
samedi 21 mai 2011
Tout sur le "butô": Xavier Le Roy rebutoh, jamais rebutant!
"Nouvelles" réservait ce vendredi soir, un panorama, florilège des chantres de la danse des années 1990 en France: trois chorégraphes bien de "notre temps" Rachid Ouramdane, Thierry Baë, Xavier Le Roy, toujours très contemporains avec un parcours linéaire irréprochable: une certaine fidélité à la pensée, au mouvement de l'intelligence, à ce qu'appelle Boris Charmatz "le petit conservatoire" ou "musée de la danse". S'immerger dans l'histoire, la philosophie du geste, faire partager un processus de création, le rendre lisible, audible. Toujours proche des arts visuels et d'une certaine conception de la représentation. Voir, assister à la fabrication d'une attitude, la comprendre, la voir se faire et se défaire devant nos yeux. Partager l'illusion, le leurre, dévoiler sa "marque de fabrication".
C'est ainsi que Xavier Leroy dans sa conférence"Produits d'autres circonstances" qui n'a rien de doctorale, ni de "magistrale" nous livrait son parcours de recherche sur la danse buto. Osant confier son degré d'ignorance sur le sujet autant que la pertinence de ses capacités à faire surgir en lui ces mouvements "ancestraux" proches du théâtre de la cruauté d'Antonin Artaud ou de la danse de la Argentina, cette interprète de flamenco qui a tant bouleversé Hijikata, le "maître fondateur" du buto. Deux heures durant, nous assistons, participatifs, à son cheminement dans la connaissance de cette soi-disant "danse des ténèbres" avec un bon moteur de recherche à la portée de tous: internet et sa foultitude de renseignements et pistes....Seule sa vraie réflexion lui livre les informations justes qui le concernent et il bâtit devant nos yeux sa gestuelle propre "inspirée" de la mouvance ou du propos buto.Une leçon d'humilité, de compétence et une attitude très saine vis à vis de la science, du savoir qui en danse échappe à toute cristallisation et formatage.
Et si ainsi Leroy écrivait la "grande histoire" de la danse? Voici un beau et nouveau "musée", conservatoire de l'aléatoire et du hasard, basé sur la connaissance toujours fébrile et vibratile du "mouvement".
Et surtout ne vous dites pas "tout, tout,tout vous saurez tout sur le buto" ou "tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le butô, sans jamais oser le demander". Rencontrez Xavier Leroy, c'est simple!
| La Argentina, inspiratrice du butô |
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jeudi 19 mai 2011
"DONNER CORPS" : malicieuse Cathy Dorn
DONNER CORPS
« Ceux qui dansent ensemble
Se rencontrent
Viennent l’un vers l’autre
Et en viennent à réaliser l’unité qu’ils constituent
Alors qu’ils sont partis de la singularité »
Quand deux femmes apparaissent, se façonnent deux espaces distincts, privés.
Quand deux danseuses se rencontrent, nait un territoire à partager, à faire exister.
Quelques objets, deux tabourets, une paire de chaussure, un coupe papier : des indices pour se fabriquer une histoire ! Du suspens pour dévoiler que « danser », c’est vivre « des moments qui tendent dans une espèce de sphère, à saisir, à pénétrer, à donner corps ».
Et effeuiller les couches successives des strates du temps à travers des costumes qui dévoilent ces femmes peu à peu, traverser des époques sur des musiques baroques, traditionnelles ou yéyé, savoir que la peau du monde, c’est la danse qui surgit des corps. Ce qui donne corps, c’est un mystère. C’est la poésie et l’humour de Cathy Dorn qui se relie à la présence complice et singulière de Sophie Beziers-Labaune.
Duo, duel, attirance, rupture ? Tout se tisse dans le langage des états de corps qui traverse les espaces et nourrissent un propos libre et enjoué. « Donner corps, faire corps, prendre corps….. par corps ?
La nouvelle création 2010 de la compagnie de danse Itinéraire, c’est tout ceci, réuni grâce aux forces vives des artistes, du co-producteur-Le PréO à Oberhausbergen-, de tous ceux qui veillent en bonnes fées sur la destinée de la compagnie strasbourgeoise désormais bien implantée !
Compagnie Itinéraires : 03 88 22 41 51 nicolle.myriam@wanadoo.fr
www-preo.fr
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DROLES DE DAMES
Leur faudrait-il danser avec des béquilles, ne seraient-elles pas assez d’aplomb, ancrées sur leurs deux pieds, bien dans le sol pour devoir s’exposer entre vertical et horizontal? Apparemment, oui ! Elles, deux femmes, presque jumelles dans les apparences: même corpulence, même mouvance, à petits pas précipités…. Jouer ! Se chamailler, se frôler, se rencontrer dans des chuchotements complices, semble ne pas leur déplaire.
Le chant des oiseaux les berce, la musique se distille comme un bon élixir et les fait se mouvoir en autant de styles, tango, valse et tourbillons de figures délicieuses.
Quand vient l’affrontement, comme une lettre dont le contenu va briser l’harmonie, engendrer colère, envie et jalousie, sobrement jouées. Que va-t-il advenir de ce joyeux couple, de cette paire de chaussures qu’elles hésitent à enfiler, de ce duo de femmes affolées, sages ou pas sages, désobéissantes et consentantes à la fois ? Marche, démarche au pied léger, femmes fétiches, chevilles ouvrières de la danse ….Qui sont-elles donnant corps à une gestuelle bien incarnée ?
Ce seront coupe-papier et petits tabourets roulant qui refaçonneront un univers ordonné, structuré où les appuis, le contrôle et le maintien reprendront leur marque.
Mais la garde-robe en suspension veille à la folie débridée et gare à la vanité, l’envie et la gourmandise du paraître. Etre ou sembler revêtir les atours de la beauté, par couches successives de peaux plus colorées, plus voluptueuses les unes que les autres… S’accoutrer, se fagoter comme une enfant déguisée en « grande dame » semble un jeu d’adulte enjouée. Dévêtir l’une pour habiller l’autre ! On échange les rôles et le tour est joué, mais pas «soufflé»! L’une est le miroir de l’autre, le sourire est contagieux, les voix susurrent le bonheur d’exister, de se lever chaque matin pour se tenir «debout». Et le soir, ferait-il bon s’allonger aussi, le corps au repos, apaisé se fondant, se répandant dans l’horizontalité ?
En corps, encore, on en redévorerait de cette mélodie de la vie ! On en reprend une tranche, on file en diagonale et transversale ?
Prochain épisode….. A méditer au regard de cette danse qui trouve en ces deux interprètes, chaussure à son pied. En grandes pompes, ou en ballerines de sylphides ?
Geneviève Charras
Le 11 Novembre 2010
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