Costume, déguisement, très architectoniques, tant on croit y voir des entrelacs de colombages...
Tout s'agite en mouvements robotiques, brusques, hachés, détachés comme mu par une machinerie, une horlogerie de musée de la mécanique, des arts et métiers: pantins, poupées, les corps se déplacent au son d'un déferlement de musique, haut et fort, ponctué par une alarme d'usine
Univers fascinant, maîtrisé à la seconde près, ils sont médusés, paralysées, comme autant de figurines à remonter pour les faire avancer selon le mécanisme infernal de la programmation.
Rythme soutenu pour ces mannequins , poupées de cire mais pas de son, rigides, droits, figés
Les mouvements dictés de l'extérieur comme dans une vitrine de musée des automates!
Animés de grimaces, de pauses grotesques, parfois inanimés, arret sur image en apnée: là ce petit monde qui s'affole, se calme, chante, cause au micro, déballe des visions carnavalesques, redoute ou cavalcade endiablée; de l'humour, du détachement aussi dans cette parade joyeuse qui déferle, tonitruante devant nos yeux
Un diable s'en détache pour aguicher la salle, chatouiller le spectateur, tenter de lui faire peur: cette peur de l'horreur, du monstrueux qui bave, fou, timbré, cloche et déséquilibré!
Faciès de quasimodos en tenue baroque, légère panoplie bleu nuitl Les visages bougent, grimacent, les yeux exorbités de la danseuse, telle une Joséphine Backer, roulent, et s'enroulent, les lèvres s'étalent prises dans des prothèses écarquillées.
Carnaval, vitrine, ce qui se voit, s'entend se déverse devant nous, charmés ou heurtés par une vérité sans mensonge, sans artifices sauf celui de ces secondes peaux de soie, lisses, scintillantes,
Parade animale, burlesque, aux confins de l'imaginaire de la chorégraphe nourrie d'icones de l'enfance, de fantasme de personnages monstrueux, ce spectacle jour sur la tension, le désir et quand notre diable s'en mêle, Denis Lavant comme figure de proue ou de référence, c'est bien de folie et de tétanie dont il est question!
à Pole Sud le mardi 26 AVRIL dans le cadre du festival EXTRA DANSE
A propos de:
« Les statues souffrent aussi, », précise le titre élargi donné par Marlene Monteiro Freitas, à l’une de ses récentes pièces, De marfim e carne ; comprendre : « d’ivoire et de chair ». Etranges étrangers que les corps chez cette chorégraphe remarquée de la scène portugaise. Et ce spectacle d’en faire l’éloge avec ses interprètes, véritables statues vivantes et dansantes, évoluant comme dans un bal grotesque au rythme de l’impur et du bizarre.
Performeuse, elle était déjà dans (M)imosa, pièce créée avec Trajal Harell, François Chaignaud et Cecilia Bengolea. A Lisbonne, membre du collectif Bomba Suicida jusqu’en 2014, elle a réalisé plusieurs œuvres dont le solo Guintche aux métamorphoses confondantes, et Paradis - collection privée inspiré des toiles de Bosch et Bacon.
Marquée par les figures grotesques des carnavals de son enfance à Mindelo, au Cap-Vert, la chorégraphe semble faire du corps un instrument privilégié de subversion artistique. De marfim e carne n’échappe pas à la règle, avec ses énigmatiques corps-statues. Ici, danse, archaïsmes et animalité se fondent aux effets spéciaux des plus récentes techniques numériques. Il en surgit d’ironiques et mémorables rituels. Et l’artiste aux multiples visages d’oser alors d’improbables mouvements, rythmés, intenses et frondeurs."
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