Un manifeste réjouissant pour la danse d'aujourd'hui, se déroule au Théâtre de La Parenthèse en Avignon: tous les matins à potron minet, 10H sonnantes, tout s'ébranle et se joue pour découvrir et partager les territoires de la danse d'aujourd'hui
Fief et endroit incontournable animé par Emmanuelle Jouan et toute une équipe chaleureuse et accueillante. Des instants précieux à partager, ensemble avec le public et les artistes dans un havre de paix, lumineux, inégalé, unique.
"Narcose" étape de travail: respire!
Aicha M'Barek et Hafiz Dhaou dessinent un univers aquatique, troublant où l'on goûte à la perception fluide et mouvante de gestes liés à l'expérimentation de l'apnée: curiosités des circulations légères entre danseurs, ivresse des profondeurs qui s'étire et glisse sur des lignes de fuite incessantes. Du bel ouvrage, interprété avec aisance et grâce, pour se fondre dans une expérimentation sensible d'un état de narcose, trouble de la perception.
"New School": Abstract en majesté
Quand Amala Dianor dessine son hip-hop, le dépèce de ses atours traditionnels, ça danse comme hors des codes et des conventions, à l'unisson et dans une verve absolue. Jolie et puissante expression de mouvements complices, décalés ou à la renverse. On apprécie son langage décalé à travers la circulation des énergies controversées au filtre des corps de ses trois interprètes qui évoluent aux rythmes des sons et résonances de Awir Léon et l'on voyage dans un espace temps qui s'écoule en fragments irréels.
"It' a match": percutant!
Raphaelle Delaunay se coltine un doux rêveur, poète et philosophe, beau parleur, Sylvain Prudhomme: à eux deux, ils jouent à être ou ne pas être danseurs, amants, amis, complices, cobayes. L'une enseigne le bon grain des fondamentaux de la danse kinestésique, lui s'émeut comme il peut de tout cet amour non dissimulé pour le corps et ses maux
Les mots, il les possède malgré toutes sensations inoculées par la danseuse qui le berce de sa présence drôle et malicieuse, le regard et les yeux allumés par la tendresse et la compassion: quel bavard, notre homme, quelle grâce cette femme qui lui danse en parade son amour de la vie
Traces de danse classique, réminiscence de grands écarts, roues ou déboulés, tout fonctionne dans ce duo-duel issu du projet "Concordan(s)e" , réunissant écrivains, danseurs et chorégraphes dans l'édition et le spectacle.Jouissif, euphorisant, un bain de jouvence, un décalage salutaire où tout corps plongé ressort essoré des banalités et sentiers battus. La grande lessive de la danse et la tendresse en prime!
"Déplacement" : la solitude est belle
Mithkal Alzghair est syrien et chausse les bottes du mercenaire pour nous rappeler que la guerre, c'est aussi un rythme, des bruits de bottes en marche, qui grondent. Les frappements au sol sont aussi ceux de son folklore, de sa culture et peuvent ne pas "dicter" par force un mouvement naturellement acquis, inscrit dans une mémoire collective
C'est beau et tendre, juste et profond et quand roucoule une colombe au lointain dans ce havre de paix avignonnais, la puissance et la symbolique font corps et se défendent.
"Prémix": décoiffant!
Ils sont deux: lui, t- shirt baillant, grêle, filiforme et fragile, elle, plantureuse matrone puissante: noirs de peau, métissés en proie à la "différence" à l’exil, au déplacement, à la migration. Mais à l'accueil aussi!Ils se confrontent, se dépassent, s’emmêlent, se heurtent ou s'entendent dans un joyeux et somptueux corps à cœur, à fleur de peaux, à coups de gueule, à délice de caresse
Duo tectonique, réjouissant et bienfaiteur que cette accolade généreuse et ludique: le temps d'une rencontre, d'un échange, d'une vie! Herman Diephuis offre à Marvin Clech et Dalila Khatir l'occasion d'une prestation hors norme de la plus haute densité.
Merci à La Belle Scène Saint Denis pour ces instants si "denses"! Et l'émergence d'un autre "label" danse dans le off en Avignon!
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