Le dispositif est sur scène, sorte de machinerie à la Tinguely ou François Klein, vélo en carcasse, fil et poulie, poids et contrepoids, toute une mécanique qui va s'animer grâce à l'impulsion et les solicitations d'un homme-danseur, accordeur, horloger, artisan-créateur de cette "créature" inédite.
Avec une poutre sur le cou, savamment inclinée puis réajustée, il bâtit son monde, architecture stabile, mobile dont il est lui-même un des rouages, comme une poutre ou un colombage de charpente.
Charpentier, couvreur agile qui se joue des centres de gravité et se meut comme dans un mikado géant, fait de bouts de bois, d'échelles, de supports multiples, de contreforts.
Un jeu d'adresse et de précision pour adapter, ajuster les matériaux et surtout pas au hasard!
Il en vient à faire partie de cette exosquelette même, rouage pour équilibrer le tout, ne plus bouger au risque de tout déconstruire ou que tout s'effondre.
Un funambule aussi qui se joue de l'étroitesse de son tremplin! Et porte sa croix, comme un "monte en l'air" inoffensif. Un tout à Lego de bois se forme et se transforme dans un fond de bruitage de chaîne de vélo.Des images de foreuse à pétrole à bascule s'imposent, balancier plaintif qui mugit et emplit l'espace de sa plainte. Ca grince, oscille, frappe l'espace comme le bec d'un pic vert. Belles images pour ce creuset d'horlogerie fantastique où l'homme se niche et déniche les secrets de la pesanteur, de la gravité et du poids de la vie!
Jordi Gali étonne et surprend, fait tout ce qu'il "pneu" pour enchaîner des éléments plastiques de matières différentes: ainsi ces pneumatiques, véritables ligatures organiques de ce grand corps mécanique, pantin ou marionnette géante abstraite.
Une sculpture vivante à regarder, écouter et laisser vivre dans la lenteur et le temps suspendu.
Au TJP jusqu'au 20 Décembre.
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