On retiendra d'une balade non exhaustive, à l'Aubette, cette salle mythique des années 1930, ce "fameux"ciné-bal", "inventé", initié par Arp, Taeuber et Van Doesbourg....les travaux de
Eva Borner.Une vidéo sur mesure pour l'écran du "ciné-dancing" légendaire et des images démultipliées d'un danseur, dans les ruines et les décombres d'une ville chinoise en démolition, plus qu'en chantier.C'est "Dingzihu", qui croise avec sensibilité les enjeux d'une urbanisation endémique et l'effet de cette surconcentration urbaine sur les comportements humains Cette tension est illustrée par la chorégraphie d'un homme évoluant dans les ruines d'une maison clou chinoise. Ses évolutions sont sèches, tranchées, hagardes et sa détresse danse à travers son corps très mobile, la versatilité des choses, des événements
Le sol se dérobe, les obstacles sont autant de handicaps à franchir pour sa gestuelle qui s'en trouve impreignée et laisse deviner toutes les contraintes liées à ce nouveau topos.
Danse in situ, forgée par les empreintes, les racines de ces maisons-clous qui résistent aux promoteurs qui ne peuvent les arracher, comme ces quartiers de hutongs à Pékin.
Le danseur chorégraphe espagnol, alors en résidence en Chine, Iker Arrue, s'est joint au projet de la plasticienne, lui, chorégraphe des situations extrêmes, comme les architectes de l'urgence, des toiles tendues!Il se bat avec les contraintes d'un terrain vague accidenté, rude, à dompter, résiste et ne se plie pas malgré le froid et le sol hostile
Danse de l'urgence en plans et images morcelées, points de vue lointains ou rapprochés sur ce "phénomène", habitant du désespoir qui se solidifie, marque son territoire, existe coûte que coûte et fait sens dans ce chantier en ruines, en déliquescence.
Beau travail musical pour accompagner cette dérive poétique sur l'abandon, la perte, la disparition d'un patrimoine, d'un environnement humain.
A l'image de la Chine d'aujourd'hui qui avance, aveugle et désemparée, ce danseur que l'on aborde de plans serrés à plan larges fait mouche et transporte dans un ailleurs sensible pas si lointain que cela.
Corps jeté dans des espaces déshumanisés,il est condamné à des errances, des spirales, des évolutions, divagations de hasard pour tenter de reprendre pied, poids et existence dans un monde déchiré, fracturé, décomposé, de force!
L'oeuvre de Zahra Poonawala, "Tutti" dans la Salle des Fêtes est sonore et interactive et met en jeu un système simultané de capteurs de mouvements qui génèrent du son, issus d'enceintes, mises en scène comme une cité urbaine de blocs et barres architecturales
Jeux ludiques, issus d'une savante robotique imaginée par des plasticiens du son, Gaetan Gromer et son équipe, pour une installation où le spectateur est en position d'explorateur
Les "acousmoniums" ou orchestres de haut-parleurs matérialisent une écoute dynamique et plongent au cœur du processus, celui qui veut bien entrer dans le jeu, participatif, mouvant, animé.
Sculpture sonore qui se vit, s'expérimente au gré de la déambulation, pour rehausser la musicalité de l'espace, pour investir les champs en rond de bosse de la gamme et de la composition en temps réel, in situ !!
Au CEAAC, on retiendra dans l'exposition "Kosmodrome",l'oeuvre de Marta Caradec, entre autres propositions fort intéressantes, "Mer de billets", petits paysages en tondos, fabriqués à partir de billets de banques déchiquetés, massicotés: c'est touchant, poétique, très spatial malgré le "petit format" des œuvres, comme autant de paysages inventés, aux horizons de papier, disques où les yeux dansent et se projettent sur la ligne d'horizon d'une mer qu'on voit danser!
Régionale 16 jusqu'au 14 Février 2016
www.regionale.org
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire