« Le même peut se transformer en son contraire. »
Neuf danseurs performeurs s’agitent et dansent. Ils recommencent en boucle un même morceau, mêmes sons et mêmes mouvements, musique « transrock ». Un grain de sable dans la machinerie quand l’un d’eux arrive en retard au spectacle. Tout s’emballe. Fête jouissive d’une impossible reproduction d’un même geste qui se change en son contraire. Les gags à la Buster Keaton entraînent une chorégraphie tonique, comédie musicale expérimentale d’une énergie dingue. Théâtre, musique et danse s’entremêlent, convoquent le rock du groupe Microréalité, dézinguent le mythe d’Œdipe et ses fatalités. Rien n’est jamais prévisible, rien n’est pareil à rien, comme une définition du spectacle vivant. Après Micro, Press, Arrêts de jeu, Érection et Théâtre des opérations, Pierre Rigal, athlète de haut niveau, fomente un objet d’une liberté joyeuse, une explosion de surprises et de trouvailles.
C'est "une même chose et une autre", ce "même", pareil toujours! "Toujours les mêmes" dit-on de ceux que l'on retrouve au même endroit que soi-même!!! Alors voici un sujet en or pour Pierre Rigal et les interprètes lancés au départ dans l'improvisation aléatoire sur l"accident", la chose qui ne se répète pas et surprend.Ici danse, verbe, jeu, transforment sans cesse ce genre de "comédie humaine musicale" hybride, pleine de rebondissements absurdes, de situations cocasses qui opèrent sur le burlesque, l'absurde, le décalage constant d'une dynamique de groupe saisissante.Les situations s'enchainent, les personnages se dessinent, une banane fait figure de leitmotiv quand tout semble recommencer au final par la scène initiale. Mais rien n'est jamais pareil, ni le contexte, ni les humeurs...Le "même" et son double tricotent sans cesse la poésie des corps qui se livrent à cet exercice périlleux: ne jamais faire la même chose tout en répétant, reproduisant les gestes ou attitudes qui feront un spectacle chorégraphique. C'est drôle, décapant et avec beaucoup de distanciation, de recul face au sujet. Tout se joue devant nous, en empathie avec ceux qui tentent souvent l'impossible: être dans le neuf, le renouveau; la surprise et le déroute!On recommence, on repart à zéro, on met met les pendules à l'heure et la musique borde le tout de ses accents insolites On y chante aussi, à l'envers, le corps renversé, sans jamais tourner en rond, plutôt en spirale ascendante dans un rythme de comédie humaine riche en rebonds, ricochets, unissons et solos dignes d'un bon divertissement intelligent, mêlant les genres, les disciplines et les états d'âmes et de corps! Qui "même" me suive!
Au Théâtre du Rond Point jusqu'au 19 Février
jusqu'au 19 Février au Théâtre du Rond Point
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