lundi 24 septembre 2012

Patrimoine Cage: qui va "piano va sano"

Toujours dans le cadred du festival Musica à Strasbourg, salle de la Bourse ce dimanche matin, on pouvait assister au concert de piano solo du brillantissime et très doué Wilhem Latchoumia
Un hommage à John Cage et à sa "descendance", s'il fallait parler de "filiation" chez un artiste iconoclaste qui refuserait surement cette idée d'héritage, au profit de la passation ou dela connivence.
Là où le programme du concert est édifiant, c'est de nous laisser entendre les sons inédits du maître, à l'ouvrage avec un tout petit piano d'enfant, un jouet de bois, semblable au piano droit: avec "Suite for Toy Piano", on assiste  à la scène cocasse d'un artiste, plié en deux, assis quasi à même le sol pour accéder avec son grand corps, au clavier du petit instrument. La poésie est déjà dans la vision de cette belle image humoristique et décapante. Les notes s'égrènent avec allant et joie.
Les autres oeuvres plus "sérieuses" rapellent que Jodlowski excelle dans le collage de la musique électronique alliée au son en direct dans "Série C" et "Série Noire" entre autre compositions d'excellence dans le genre.Pesson, Jarrell résonnent de la même veine, en déflagrations de notes et de sons inouïs L'interprète s'y révèle engagé, foudroyant de dextérité, d'audaces et de respect.
Quant à Wilhem Latchoumia, c'est un exquis bonheur de le voir jouer, à l'œuvre, avec ses longs bras agiles, son geste tranché et efficace, son engagement physique dans l'exécution des œuvres. Très "plastique", sa silhouette, sa mouvance sont autant d'éléments qui concourent à rendre vivant et convaincant ce répertoire dédié à la griffe de Cage: "étonnez-moi" disait Serge de Diaghilev à Jean Cocteau, et nous voici au cœur d'un héritage surprenant et attachant, à l'image de John Cage et de son rire tonitruant!

dimanche 23 septembre 2012

Wilhem Latchoumia: piano virtuose en "Cage"

Un récital de piano avec Wilhem Latchoumia, c'est déjà se mettre l'eau à la bouche, rien que pour le plaisir de voir et d'entendre ce virtuose du clavier contemporain.
"Cage et musiques américaines" au menu dans un objectif bien précis: relier le démiurge Cage à ses contemporains, tisser les passerelles, franchir des ponts lors d'un récital éclectique: John Cage a laissé en germe pour les compositeurs d'aujourd'hui, le plus riche terreau de bruits, de sons et de silences!Des 1948 Cage utilise le piano jouet et de cette fantaisie ludique nait un univers tout neuf: à la frange de l'irrévérence, du pied de nez ou du clin d'œil, le grand compositeur américain,faiseur de sons jette un sort au plus "respectable" instruments des salons européens et nous en livre un nouvel outil "préparé" surprenant.Que faire après John Cage, que peut-on encore inventer sans emprunter au maitre, sans singer toutes ses astuces et supercheries géniales pour détourner ce bel instrument à percussions? Quatre œuvres en hommage à Cage de Mincek, Filidei, Pesson, Jodlowski illustrent cette démarche.Le piano dans tous ses états, en état de siège, malmené, détourné, réinventé!

THE ARTIST / Musique et cinéma à MUSICA

Alors que Thierry Langlois publie"Les cloches d'Atlantis" dont le sujet est précisément "musique et cinéma", le festival MUSICA propose une version ciné concert du film "The Artist". C'est à Ludovic Bource que revient cette belle tache: avec l'Orchestre Philarmonique de Strasbourg et lui-même au piano, voici une version "concertante" originale du film.
 Voici un film muet, aux allures de "Chantons sous la pluie" avec en rôle titre le décidément très vintage, Jean Dujardin. Pas de paroles, pas de son, que du geste, de la danse et de la chorégraphie de l'image!
Une réussite absolue où les héros nous entrainent dans un suspens silencieux qui fait tant de bien dans ce monde si tapageur Le noir et blanc y est scintillant, brillant comme dans les Fred Astaire (Top Hat) et les sourires de la comédie musicale en font une "mélodie du bonheur" sans musique, dans le respect total des mouvements des corps. Leur présence à l'écran se dévoile dans ce repos, ce silence prégnant où notre héros se bat contre le cinéma parlant qui va briser sa carrière de talentueux comique, burlesque à souhait lors de toutes ses exécutions gestuelles. Sa fiancée par contre va vendre son âme au diable et se corrompre dans le "parlant"!!!.