A l'initiative de Pôle Sud et Jazzdor, voici présenté un singulier spectacle entre jazz et danse, objet particulier et inoui, preuve s'il le fallait que le jazz se regarde, que la danse s'écoute!
C'est dans le noir que débute l'aventure: sons de souffle, comme ceux d'une éolienne, d'un ventilateur :on le sait, le jazz et la danse ont en commun la respiration, l'expiration-inspiration et ici tout semble réunir ces deux univers sonores. La lumière se fait, laissant découvrir la silhouette statique et hiératique du génial hongrois Akosh S., joueur de saxopohone, inventeur de sons-frissons qui titillent ou assourdissent l'oreille.Aux aguets, donc pour un voyage sonore étonnant, doublé de la présence d'un circassien allemand Jörg Müller, à présent épris de danse contact auprès de Mark Tompkins.... Et ce contact, il l'opère avec cinq tubes sonores suspendus qui vont opérer comme un manège gravitant autour du musicien au centre de l'arène.Sons de cloches, d'horloge qui ponctuent le temps, dessinent l'espace.
Performance que Jörg Müller maîtrise à la perfection: imaginez une course contre le temps, à contre-temps dans l'espace circulaire que ces tubes manipulés comme des marionnettes dessinent, dans l'éphémère, la surprise, le risque total.
Pas de heurt entre ces tubes métalliques qui frissonent dans le vent créé par les manipulations de ce magicien du mouvement.
Prestidigitateur, jongleur?
Il y a un peu des deux dans ce faiseur de sons du corps, virevoltant avec ses objets toujours fuyants. Il esquive, tel un maitre d'art martial, accompagne les tubes qui obéissent à ses moindres frôlements.
Et quand tout semble revenir à l'ordre, dans le silence, c'est là que les tubes tintinabulent, se heurtent, abandonnées dans leur rythmique propre à une fin de gravitation.
C'est de la "physique" athlétique et performante qui prouverait que le giratoire, la force centrifuge déclame du silence.
Alors que le désordre s'installe quand plus rien n'est dirigé.Le "traité de la marionnette" de Kleist fait ici mouche, argumentant le fait que le manipulateur préfère la marionnette au danseur rebelle et ingérable.
Le saxophone dévoile des sons inédits, du souffle délivré ou contenu, des silences aussi.Une performance qui tient en haleine, en apnée, le spectateur médusé par tant d'audaces très poétiques.
Sans filet, les deux compères tiennent la scène en suspens, dans le suspense d'une narration des corps qui séduit à fond.
Moins convaincante est la seconde partie du spectacle "Madriguera" qui offre le plateau à deux danseurs Estelle Delcambre et Ivan Fatjo. Musique métissée, enregistrée qui permet aux deux danseurs d'évoluer dans un petit espace de lumière, carré bien délimité, au départ. Petits gestes tétaniques, saccadés, plutôt ludiques, robotisés.Contact danse, poids, poussé-tiré et l'affaire roule sans surprise. C'est bien rodé, bien huilé, sans histoire.
Un amas de vêtements les transforme en autant de personnages morcelés, sans visage, sorte d'épouvantails changeants. Métamorphose qui s'opère au gré de la musique, riche d'instruments très divers orchestrés par Akosh S. .Tambour, cithar, voix, kalimba,bombarde tibétaine....Joli bouquet de sons, belle ambiance sonore !
Voici donc une proposition originale qui berce nos rêves dans une atmosphère à la fois ludique et grave, riche de la "révolution" des planètes autour du soleil!
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