Quatre monologues pour nous entraîner dans une réflexion sur l'acte, le théâtre, la mise en scène, le jeu, bref, la vie d'artiste, cette vie d’égoïste, de flambeur, de jouisseur!
Ils portent leur prénom, chacun, comme à la ville et sont présents, fragiles ou forts, sincères et convaincants, ces quatre personnages qui tiennent le plateau deux heures et demie durant, sans se lasser, sans faiblir: le mutisme de ceux qui ne "parlent" pas pendant que l'un s'épanche, déverse son texte, éructe les mots, fait parler son dos, ce silence est présence, accompagnement, communion
Car il y a un chorégraphe sur la scène, des circulations qu'il anime, des immobilités, des corps qui se glissent au sol, habitent le plateau, viennent mourir, se répandre, fondre au sol.Travail sur le plancher, la dépose du poids du corps....
Tenue de ville, décontractée, exigée! Avec te shirt de couleurs ou torse nu, bottes d'amazone ou veste sobre, les voilà, mis à nu, manipulés par le phrasé du texte d'un auteur qui danse, qui respire ou noue met en apnée. Suspension, déferlement des mots, jouissance de la diction qui sourd des lèvres gourmandes d'Emmanuelle, des épaules de Stan, des yeux Denis, de la chevelure d'Audrey.
Ils questionnent, retourne le terreau, laboure la pensée en mouvement!
Ils travaillent à vue, on les regarde se dépenser, réfléchir, fléchir, ployer ou se redresser dans des érections salvatrices des corps qui doutent, se replient ou se déploient!
Ils se revoient parfois la balle, s'interrompent, se rattrapent comme au basket mais quel est le "but" recherché de cette curieuse formation qui ne semble pas faire "équipe" ?
Et comme pour la danse, la lumière sculpte l'espace et les corps: dans ce gymnase tout bleu et de tendance orange profond. Le panier de basket au centre, les découpages et tracés au sol, déterminent un espace de travail "sportif", de labeur, de souffrance, alors que celui de l'art et du théâtre ne sont pas le lieu du "martyr" mais de l'implosion, de l'explosion du verbe, des corps, de ce verbe incarné que nous donnent à voir nos quatre feuilles de ce trèfle porte bonheur
De jubilation, de suspens, de voix qui comme dans "Clôture de l'amour" tonifient les situations, guident et conduisent à une lecture visuelle d'un texte fait sur mesure pour des comédiens si différents, si singuliers!
Au final, une gymnaste fend l'espace de son ruban serpentin, danse gracile de la virtuosité, évocation d'une musicalité corporelle, contrainte, disciplinée, domptée
Les quatre protagonistes de la liberté d'aller et venir n'ont qu'à bien se tenir!
lire "Rambert en temps réel" de laurent goumarre aux "solitaires intempestifs" 2005
au TNS jusqu'au 7 Novembre
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