Meredith Monk est ailleurs. Née à Lima ou à New York, la nature profonde de cette artiste atypique, tout à la fois compositrice, chanteuse, mime, dramaturge, metteuse en scène, danseuse, comédienne, toujours à l’avant-garde d’elle-même, procède à la fois du feu terrestre et du cosmos, des passions humaines et des secrets du monde, dont elle se fait la messagère. Très tôt, le chant, lui ouvre des horizons qu’elle devine, autant de territoires inexplorés, où l’imaginaire et le mythe, l’espace du dedans et du dehors, le passé et le présent, se rencontrent, se déploient. Guy Scarpetta parlait d’une « femme cent-voix », Daniel Caux d’« une voix qui danse », Babeth M. Van- Loo de « voix intérieure ». Qu’elle soit associée, à un instrument – piano, violon, accordéon, kazoo et tant d’autres – à un quatuor, à l’orchestre, à son ensemble, qu’elle soit démultipliée par la scénographie, le mouvement, l’image, chez Meredith Monk, la voix prime, reste le vecteur principal de son art, cherchant à établir, souvent sans un mot – pas de texte, juste le son de la voix, mélopée, borborygme, animale ou primitive - un lien intime entre deux mondes, des vérités transcendantes au spectateur/auditeur. Protéiforme, la voix de Meredith Monk, comme catalyseur de son art, se fait alors mystique.
Ce livre d’entretien avec Meredith Monk, Une voix mystique – premier livre en français sur la compositrice américaine – montre ainsi, comment ses oeuvres et son esthétique, sans doute parmi les plus intenses et les plus puissantes de notre temps, loin du minimalisme auquel on l’associe, à tort, sont le lieu d’une expérience éminemment spirituelle.
Jean-Louis Tallon écrit, vit, travaille à Orléans. Il a réalisé de très nombreux entretiens d’écrivains et d’artistes. Il est l’auteur d’un récit intitulé Composition de l’atmosphère (Le Grand Souffle, 2007) et d’un entretien avec Pierre Bergounioux : Un écho lacunaire (Fata Morgana, 2014).
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