jeudi 26 mai 2016

"Clowns et queens": cartes sur dessous de table!

Porcus Déi
Une singulière tribu, vêtue à la médiévale, ou plutôt à la Jean Paul Gaultier,ou Philippe Guillotel, crinoline défroquée, marinière, queue de cheval en guise de jupette: on revisite le répertoire pour mieux le transgresser, le transcender.Des hommes, des femmes, malins s'emparent de godemichés en laine pour s'en faire des écouteurs, des jumelles: voyeurs ou obscènes inquisiteurs de ce qui se passe "hors scène" derrière le rideau?
Il y a du rituel païen, du blasphème dans cette évocation des temps médiévaux, galvanisés par des choix musicaux remarquables: la musique, en temps réel ou malmenée par des griffures, frottements ou déchirures temporelles et rythmiques
Comme l'art du jonglage qui va disparaître devant une folle inventivité qui va déplacer les enjeux de la discipline, de la performance vers la poésie, la cruauté sagace
Jeux interdits, comme sur les façades des cathédrales, la statuaire s'anime et joue les péripéties inavouables de ces redoutes de personnages burlesques, intrigants, animaux surgis des fantasmes des esprits des temps révolus.
Question de point de vue!
Comme en contre-plongée, on scrute ce bestiaire humain et les pistes de la perspective sont brouillées: question de point de vue et de point d'ironie!.
On se complaît à suivre les péripéties, les aventures détournées de jongleurs tendres, amoureux, ou sarcastiques personnages machiavéliques, mus par une férocité non dissimulée!
Un homme humilié au sol, très pasolinien, se laisse harceler, une femme se love dans un cerceau, sensuelle à souhait, des accessoires, cerceaux petit ou grands sont prétextes à de très belles scènes, plastiques, sculpturales et le clou de cette scénographie serait l'alignement de ces tables de dissection, éclairées au néon qui simulent paillasses ou bureaux: les corps s'y étalent comme des gisants de cathédrales et la vie à nouveau insufflée dans ses corps anime nos fantasmes à toute vitesse!
Apollinien ou satanique, démoniaque ou très- trop- sage, le spectacle oscille entre ses aspects du sarcasme: on aimerait aller encore plus loin dans cet enfer ou paradis perdus ou les pommes sont des balles rouges de jonglage et les serpents des mimiques, sourires complices et malins!
Le langage tient sa part et les sons, bruits et onomatopées, borborygmes vont bon train: langue codée, accents non discriminatoires de la tribu qui se reconnait à l'intérieur de ses codes couleurs!
La reine trône, désuète et manipulatrice sur sa cour de sujets assujettis à une mascarade splendide et richement ornementée. Les belles manières de la "basse cour" pour de la belle ou basse danse?
La cavalcade est enivrante et le poison efficace: encore plus de fiel et de dramaturgie resserrée pour accéder à une orgie salvatrice de boules, de sexe caché, d'organes disséqués, cliniquement comme sur des table de billard!
Eros et Tanatos jonglent et se confondent: on en perdrait bien les boules et nos repères de sagesse et de décence!
Indisciplinaire à souhait, cette chorale qui danse, jongleurs qui cachent bien leur jeu, leur maîtrise d'un art virtuose!
Défilés, sarabandes et autres divagations érotiques au poing, héroïques à souhait pour un microcosme avec petits règlements de comptes -de contes- entre ennemis! Os couilles !
La balle est dans leur camp, à ces enfants emballants!

Au Maillon, Wacken jusqu'au 28 MAI 20H 30

A propos de
« Cløwns & Queens, c’est du cirque obscène, c’est de l’érotisme de clowns où l’humiliation est un divertissement, le hula-hoop un art préraphaélite. Cløwns & Queens, c’est du jonglage horizontal. »

"Après Smashed, où neuf artistes jonglent en alliant esthétique et précision mathématique, les Gandini Juggling proposent cette fois une farce sexuée dont le thème central est le pouvoir et la critique de l’étiquette.
Les cartes du château et le petit monde de la Cour s’écroulent au fur et à mesure d’un chemin maladroit vers l’amour, sur fond de musique baroque, qui, au même titre que le cirque traditionnel, se laisse pervertir par les Gandini et s’acoquine avec de la musique électro.
Sean Gandini imagine des tableaux qui s’abattent comme des cartes à jouer, d’où s’échapperaient figures royales, fous du roi ou autres clowns. Ici, il n’y a pas de fil narratif mais un travail sur l’esthétique des corps et une volonté farouche de s’éloigner de l’image du cirque traditionnel qui, dans le fond, n’est pas innocent. Il est en réalité, pulsionnel, osé : comme les justaucorps moulants et ajourés des trapézistes."


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