Et si la danse était nomade?
Et si ce frêle corps tapi dans le noir qui nous attend, allait de son tapis blanc nous ensorceler et nous conduire dans sa transe dans des transports en commun inédits?
Dans un rayon-diagonal de lumière, comme aspiré, enfermé dans des sonorités cavernicoles insolites, il se meut lentement et son ombre s'étire, le double. Il caresse, sculpte l'air, l'éther et dans des ondulations de bras et de mains gracieuses, se fige, s'arrête , stoppe son flux de mouvements évanescents. Il déroule ses formes, structure son espace en mouvements successifs, interrompus, hachés, brisés, savamment décomposés en fractures et découpes.Segments et découpages qui s'accélèrent, s'entrechoquent.Comme stroboscopiques.Ses gestes répétitifs, obsessionnels, angulaires repris, recommencés sur l'ouvrage de son corps, métier à tisser un vocabulaire, une grammaire propres à lui.
Des ouvertures, des glissements lui font prendre, posséder l'espace, le dos sculptural en poupe, modelé.
Dans un manège tournoyant, de la périphérie au noyau central, un mouvement giratoire s’insuffle, se dessine: derviche éperdu sur son axe en transe, en état de possession, d’envoûtement.
Des tourbillons de sons l'aspirent, il expire, moteur enragé dans un vertige visuel impressionnant.L'épuisement gagne le danseur, la perte, la dépense physique est fascinante et opératoire!
La fatigue le couche au sol dont il se fait un tremplin pour des évolutions graphiques proches du hip-hop ou de la capoeira. Très faune ou félin, de profil sur cette musique aérienne, possessive. Il nous regarde, interrogateur puis sur une touche de musique électro-acoustique, reprend énergie, se déploie, se donne et se révèle avec un bel inventaire, une grammaire gestuelle très personnelle, vrillée, torsadée.
Dans des saccades, secousses tétaniques il marche en diagonale, tremblant, vibrant, tétanisé, en proie au delirium tremens: nerveux, spasmodique être humain, contaminé par la paralysie dans un état de folie contagieuse. Puis il se dissout, disparaît, haletant, épuisé...
La pièce, fort bien construite, en crescendo dramatique et émotionnel est un début de chapitre d'une épopée chorégraphique naissante.
Un solo pour s'affranchir des apprentissages, pour se libérer des contraintes, pour rencontrer son altérité dansante, son savoir être danseur de tous les pores de la peau qui transpire , émet des signaux éperdus de force et de fragilité mêlées.
Made in Marino Vanna, taillée sur mesure et pièce unique rare.
A Pôle Sud jusqu'au 11 Décembre
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