mercredi 20 mai 2015

"La veillée des grands gourmands": street food dans la boite noire!


Sur le plateau, un camion. Que dégusteront les Grands Gourmands ? Au menu…
Des textes, bien sûr, pour parler de se qui réjouit ou révolte, du monde d’aujourd’hui.
De la musique également, chansons, avec ou sans orchestre (guitare, accordéon, violon, percussion).
Et le festin ne saurait être complet sans la découverte du « plat du chef » cuisiné pendant le spectacle et que les comédiens feront déguster à des spectateurs…
Comme le dit François Chattot : « c’est bel et bien un camion d’alimentation générale pour le corps et l’esprit ».


François Chattot, présent la saison dernière dans Que faire ? (le retour) et Folie Courteline, revient en « metteur de bricolage en scène » comme il se définit lui-même pour nous inviter à entrer dans la cuisine du théâtre. Autour de lui, il a réuni comédiens, chanteurs, musiciens (souvent tout à la fois) pour créer un « cabaret satirique contemporain ». Sur le plateau, trône un camion, d’où s’échappe toute la magie des apparitions d’hier et d’aujourd’hui.
Que dégusteront les Grands Gourmands lors de cette veillée ? Au menu… Des textes, bien sûr, de Louis Aragon, Henri Michaud, Raoul Vaneigem… d’autres inspirés de L’Horreur économique ou La Promesse du pire de Viviane Forrester… le tout pour parler de ce qui réjouit ou révolte, du monde d’aujourd’hui.
Et le festin de cette veillée ne saurait être complet sans la découverte du « plat du chef » cuisiné durant la représentation. Ainsi, pendant le spectacle, les comédiens inviteront des spectateurs à une petite dégustation….


au TNS Espace Gruber jusqu'au 24 Mai à 20H

"Les Limbes": le manipulateur, manipulé !


Et voici Etienne Saglio, compagnie "Monstre(s)", sur la scène, plateau nu, tapis de sol noir: rien de parasite, rien de trop, la sobriété même.
Il est seul, de noir vêtu comme les manipulateurs marionnettistes qui se montrent à vue, sans se faire voir,ou pas vraiment: un manteau rouge au sol, affublé d'un visage greffé sur le tissu à l'endroit de la tête.
Commence alors le mouvement, la vie, après quelques gestes de gêne ou d'hésitation marqués sur son corps, dans ses poches, sur lui-même: il se tâte et finalement revêt cette "doublure" avec laquelle il se jouera d'une gémellité fratricide.
Commence un duo, duel ou combat avec ce double gênant qui va le conduire à un duel Eros contre Tanatos: véritable joute quasi criminelle entre lui et cette figure pas vraiment docile de la marionnette ou du mannequin, flexible, issue de tissu malléable
Ami ou ennemi, vampire ou monstre dévorant notre marionnettiste, submergé de baisers, agressé par une frénétique passion humaine et débordante de la part d'un être inanimé et pas vraiment animé de bonnes intentions!


Le combat cessera dans l'obscurité, le rouge contre le noir, au final conquête du manipulateur sur le manipulé après une lutte acharnée.
Kleist et son "Traité de la marionnette", vainqueur une fois de plus.
Et dans les airs, comme un air de Vivaldi et de Sabbat Mater pour rythmer abusivement le tout.
Un nuage de papier transparent comme du fil alimentaire esquisse une danse aérienne qui se joue de la pesanteur, guidée par notre dompteur d'évanescent, de transparence, d'indicible
Immatérialité des formes qui se tracent dans l'espace, rémanence ludique des mouvements impulsés par l'homme qui vont donner naissance à un hasardeux ballet translucide, comme la méduse de Paul Valéry: ce n'est pas une femme qui danse, mais un spectre, ectoplasme évanescent qui va contre son gré, se jouer des manipulations de son géniteur Gépetto!
Un théâtre d'ombres surdimentionnées succède à cette parade amoureuse, qui se glisse et se dérobe pour mieux laisser le désir et l'érotisme se mêler de ce jeu amoureux.
La caverne de Platon s'anime, une ombre se glisse sur les parois d'une tenture , comme un voile tendu entre rêve et réalité
Attention, danger, menace: qui va disparaître? Eurydice ou son amant Orphée, celui qui se retournera, cédant à la tentation amoureuse du dernier regard?
Un second voile transparent, animé par le souffle des machines cède le pas et réitère les formes en volutes, telles les drapés de Loie Fuller, première sculpture plastique animée par la lumière: en noir et blanc, gris et légèrement sépia, comme dans les premiers essais photographiques sur la fumée de Marey. Tout se dilue, se disperse au vent et danse une petite cérémonie, allégorie du temps qui passe, flotte et plane dans un bel onirisme.
La musique seule vient troubler toutes ces bonnes intentions dramatiques et plastiques: Vivaldi comme un torrent, des cascades de tonalité rabâchées, un flot amer de musique de jets d'eau et feux d’artifice royaux
Les "oreilles n'ont pas de paupières": dommage, car les yeux écarquillés on suivrait bien dans le silence le bruissement des matières, le son du leurre que tous ces fantômes, doublures ou être mi hommes, mi marionnette nous suggèrent de mystère, d’artefact ou de magie
Coupez la musique, Maestro et étonnez nous, enfin d'une présence multiple et belle, souple, féline, prestidigitatrice de l'ombre ou de l'incarnation désincarnée des rêves et autres fantasmes salvateurs.
Limbes muettes, linceuls ou suaires au vestiaire, au seuil de l'imaginaire, vous auriez tout à y gagner!

Au théâtre de Hautepierre, présenté par le TJP et Le Maillon, jusqu'au 22 Mai, 20H 30

mardi 19 mai 2015

"Les Limbes": spectral, ectoplasmique!


Prodige de la magie nouvelle, Étienne Saglio invite le public à se perdre toujours un peu plus dans les méandres de son imaginaire. Une écriture soignée, des images puissantes, ce conte symbolique plonge le spectateur dans des mondes intermédiaires, Les Limbes. Dans cette nouvelle création, la magie est ici plus qu’un outil, elle est l’initiatrice d’un voyage intense et rare.
Etienne Saglio jongle depuis longtemps. Il en explore les possibilités et les interactions avec d’autres disciplines artistiques tout au long de son parcours de formation qui l’emmène de l’École de cirque de Chatellerault, au Lido à Toulouse et au Centre National des Arts du Cirque. Il a créé le solo Le soir des monstres déjà présenté au TJP.




Monstrueux!
Lorsque quelqu’un meurt, la veillée permet à son entourage de s’habituer à l’idée de sa mort. Mais le mort n’a-t-il pas besoin, lui aussi, de se faire à sa nouvelle condition ?
Avec sa dernière création, Étienne Saglio invite au voyage. Un voyage dans les limbes de l’au-delà, un espace étrange habité par des âmes errantes et des gardiens silencieux, un conte peuplé de créatures magiques où l’inanimé prend vie, évocation de l’après-mort confrontant l’homme à son passé.
Dans un jeu d’ombres et de lumières nimbé de musique, le comédien, seul en scène, est tour à tour mort et son fantôme, pantin ou cadavre aux accessoires magiques. Il se métamorphose au gré de son voyage, de son cheminement dans les limbes, pour faire naître des images évanescentes et lyriques. Un univers qui tend vers l’épure, proche du romantisme noir des contes fantastiques.

Formé au Lido et au Centre National des Arts du Cirque, Étienne Saglio est magicien et jongleur. Il crée dans ses spectacles des univers mystérieux, où illusion et réalité se confondent.

Au Théâtre de Hautepierre du 19 au 22 Mai à 20H 30
proposé par le TJP et le Maillon à Strasbourg