Le quatuor Tana: une découverte, une première apparition pour cette formation de musique de chambre à cordes au festival!
Belle surprise que ces quatre interprètes un beau dimanche matin, à la salle de la Bourse de Strasbourg Formation originale due au violoniste malgache Antoine Maisonhaute, pour quatre corps bien accordés à interpréter la musique d’aujourd’hui.
L' oeuvre de Jacques Lenot "Quatuor n° 6" est légère, délicate: les cordes s'y envolent, discrètes en autant de notes pincées, qui vibrent en cascade. Le jeu des interprètes est remarquable: gestes larges qui s'étirent dans l'espace pour mieux libérer l'énergie tendue des cordes des deux violons. La violoncelliste excelle dans les relâchés, tendus et son dos exprime lui aussi toute la largesse de cette pièce dédiée à une amitié sans limite, une relation humaine étroite, intime entre le compositeur et l'un de ses proches."Gloire, délice, honneur" pour cette "agalma" statue grecque évoquée ici comme référence à l'aura, à la brillance de la musique, de l'art, de la peinture.Les cordes s'y accordent avec bonheur et surprise!
La suite du concert laisse découvrir des pièces complexes comme celle de Ondrej Adamek, "Lo que no' contamo" de 2010: l'instrument y devient percussif, frappé par les archets ou les mains des musiciens, comme un jouet, un outil différent, très lointain du violon!Inspiré du flamenco, on y retrouve le rythme, le son résonnant de la percussion pour cordes!Chalenge qui fait mouche, note d'humour décalé, de vision inouie de l'instrument!
Au tour de Yves Chauris pour "Shakkei", référence à l'art japonais du shakkei, ce jardin clos qui laisse entrevoir des perspectives immenses.....Ecrit à l'origine pour le chorégraphe Michel Kéléménis, cette œuvre ouvre un univers entre l'étroitesse et l'irruption de l'espace élargi, entre le haiku et le poème traditionnel. C'est beau et recueilli et l'on songe encore aux pas et évolutions des danseurs...
Pascal Dusapin et son "Quatuor n°4" illustre le geste de va-et-vient d'un texte de Beckett sur le cri, l'écho, la vitesse. Bel ouvrage très animé, complexe , une ligne monodique persistance égrenant une texture musicale infime, progressive et libre.
Un programme éblouissant pour ce quatuor, équilibriste, perfectionniste dont la virtuosité n'a d'égale que le risque de cette gageure: réinventer l'instrument à cordes pour imaginer sons, vibrations, couleurs et textures inconnues!
lundi 29 septembre 2014
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