Quand Aurore se réveille sous le regard de Frantisek, c'est la Belle au Bois Dormant qui s'anime, prend vie.
Des monts et merveilles lui insufflent souffle, volutes, spirales fluorescentes, débâcle et dérive d'icebergs flottants comme des îles dans des flous profonds, aspirant à la félicité.
Surfaces lisses, indicibles reflets de névés qui flottent en apesanteur.
Marcher sur les flots, se glisser sans laisser de traces que la rémanence de bleus et de verts, parfums glacés parvenus aux narines encore enflées par le frimas évoqué.
Vibratiles, fébriles apparitions fantomatiques de tourbillons mouvants.
Les nuages se diffractent en éclats puissants, en salves lumineuses.
Aurores, je vous guette, je vous écoute craquer sous la pression de la glace, du vent , de la neige.
Matières en états de grâce, états de crissements sonores, paysages fluctuants à la dérive.
Montages tranquilles sous l’œil fébrile, en éveil d'un photographe, calligraphe de l'image qui se révèle, impalpable rayon irradiant l'énergie de forces tranquilles au repos.
Capture d'instants en mouvements giratoires, en cascades de couleurs à fleur de prise.
Les cadres n'ont qu'à s'incliner sous le doigté d'un magicien sans clic-clac ni trucages avec pour simple appareil celui de la beauté, nue et crue.
Dépouillement savamment orchestré par une oraison silencieuse aux destinées agitées des eaux dormantes.
Aurores boréales je vous auréole de la nuit, du jour, du crépuscule vibrant.
Que ces aurores "entendues", vestiges sonores qui sommeillent dans les mémoires des Sami, racontent, effrayent et résonnent à leurs esprits encore comme des légendes: entendre la lumière qui bruisse, craque, avance, n'est pas si commun! Lumières inouïes comme des orgues imaginés.
A l’affût d'un déclic qui se joue de l'éternité.
Pour l'étendue fluide qui se répand dans les arcs- en- ciel de pastel à potron- minet.
Esquisses, aquarelles de la photographie, les paysages de Frantisek Zvardon sont de toute éternité intemporels.
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