jeudi 12 novembre 2015

"¨Pixel": Mourad Merzouki ovationné à la Filature à Mulhouse ! La dérobade virtuelle de la danse!


"Pixel", c'est la rencontre entre les arts numériques, la musique et la danse, au point où l'un ne peut se concevoir sans l'autre, les uns générant les autres dans un bel entrelacs de créativité.
Rien de fortuit dans cette alliance, cet aliage chimique entre gestuelle et mouvement informatique, tant les calculs de la machine sont en phase avec la mouvance des corps de ces Danseurs et circassiens de la compagnie Käfig.
Tout démarre très "cool", dans un phrasé souple, ralenti aux accents feutrés dans un bel univers d'apesanteur.
Pas de décor, juste les lumières pour styliser les instruments mouvants, lyriques, ces danseurs pétris de grâce, d'agilité, de souplesse.En tenue colorée, simple, décontractée, confortable pour le mouvement et sa vision .

Puis c'est au tour de l'environnement d'interférer sur la danse: comme de la neige emportée par la tourmente et le souffle, la pesanteur ou la légèreté, des myriades de petits points blancs, comme autant d'électrons libres lâchés à la verticale, envahissent le fonds de scène
Emportant avec eux comme des flocons de neige, les danseurs, poussés ou attirés par cette poussière d'étoiles, blanche, scintillante
Rideau mouvant, évanescent, futile qui se dérobe, fuit , anticipe la gestuelle des danseurs qui semblent interagir avec ces petits éléments fugaces qui les distraient.
Magie d'une alchimie qui opère en direct comme s'il y avait des capteurs d'énergie dans l'espace.
Aux commandes de ce petit théâtre de prestidigitation, Adrien Mondot et Claire Bardainne, Merlins enchanteurs de cet univers virtuel inouï, jamais vu même dans les prestations antérieures de Mondot, jongleur de balles de ping pong virtuelles dans ces précédents spectacles!


C'est beau et émouvant, plein de suspens quand aux aller et venues des danseurs, franchissant ou contournant les obstacles de lumière et de volumes au sol, comme autant de handicaps à dompter.
Vertige, émotions, instabilité, dérobades au sol pour mieux semer le trouble, divertir, détourner et faire glisser les surfaces de contact, les volumes et espaces ainsi inventés devant nous;
Colonnes de lumières, de neige, de flux à la verticale, en diagonales, tout est bouleversé, sans dessous dessus dans cet univers de l'improbable.Tout va et vient, s’efface, s'estompe, renaît, réapparaît, disparaît
Fuite en avant, perte,absence on court côté cour ou jardin à perte de corps!
Un patineur à roulettes y invente une chorégraphie de l'impossible, jamais vue, jamais imaginée qui perturbe les codes de la danse et va dans le sens du virtuel, du "tapis roulant" qui passe plus vite que le temps réel!


Une contorsionniste virtuose sème le trouble, s'enroulant sur elle-même avec délice et doublant cette fantaisie de l'impossible.

Maintient en apnée pour le spectateur devant ce risque circassien d'affronter, de se coltiner un univers insensé à découvrir, divagations, circulations des corps dans ce décor mouvant, évolutif, passager de la lumière.
La danse au pays du hip hop décalé, toujours aussi morcelée, en miettes, comme autant de pantins désarticulés dans une danse mécanique, dynamique, quasi futuriste!
La musique au diapason de Armand Amar et le tour est joué: sophistiqué en diable, irréel, féerique, satanique.
Et au final, une démonstration chaleureuse des talents virtuoses de chacun des danseurs, galvanisés par un esprit d'équipe et une expérience physique hors du commun, hors norme, au delà du possible, au delà des frontières
De nouveaux mouvements en surgissent, réglés par une machinerie d'artefacts splendide, magique, séduisante.
A la Filature à Mulhouse ce mardi 10 Novembre 2015

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