Reda Kateb danseur
Il nous révèle lors d'une installation vidéo très singulière, son univers citadin, spatio-temporel des banlieues, des paysages en friche, des ponts suspendus au dessus des gares.
Cinq écrans, mensuration toile de cinéma déploient des images mouvantes qui se répondent, se traversent, s'enchainent comme lors de prises de vue photographiques à la chaine
Atmosphères urbaines sur le pont du Département, à Stalingrad à Paris, quartier Auberviliers.
Des hommes, des femmes, en exil traversent les grillages bleus, comme un ciel précurseur de rédemption.
Ils voguent, naviguent, chutent au ralenti dans une grande sensualité des gestes suspendus à l'espoir, au désir, à l'envie
On songe aux "Chutes" de Denis Darzacq et ses hip-hopeurs en apesanteur, sauts à l'horizntale comme chez Wim Vandekeybus
Ballet de rue, portrait en pied d'habitants modèles des banlieues parisiennes ou de villes et ports méditerranéens
Palabre, au pied des quais portuaires, des hlm alignés comme des tranches de cake, des architectures spécifiques aux ghettos des banlieues des années 1970.
Et quand une pluie de poissons rouges dégouline de ces murailles, c'est tout une poésie du ralenti, scintillant, aqueux, rendu possible par le truchement du slow motion filmique
Installation gigantesque dans le grand hall du Maillon Wacken à Strasbourg pour mieux s'immerger dans cet univers de science fiction civile où l'on découvre un Reda Kateb, danseur de rue, sur le pont près du 104 rue d'Aubervilliers, jeune, mobile aux mouvements fluides, épousant l'espace prometteur d'une liberté rêvée
Ce dispositif immerge le spectateur dans la vie de la cité, et se déguste lentement, au rythme des images qui se glissent d'un écran à l'autre
Univers très chorégraphique au phrasé mesuré, découpé comme des séquences de jeu, de danse et de chutes où les corps se déposent lentement au sol comme des trésors au tombeau.
Une réalisation fort impliquée dans une rêverie imaginaire portée par des scènes de séquences cinématographiques
Méhdi Meddaci, auteur et performeur d'images, inventeur d'un discours esthétique sur l'exil, très affirmé et convaincant.
Esprit des lieux, topique des vies colorées de ces personnages anonymes qui traversent l'espace de la toile d'électrons libres lâchés dans l'espace urbain
Mur mures que Agnès Varda n'aurait pas reniés, chutes au ralenti que Robert Cahen ou Bill Viola se reconnaîtraient volontiers!
"Murs"au Maillon Wacken à Strasbourg jusqu'au 12 Décembre
En coréalisation avec La Chambre
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