C'est seul sur la scène, feignant un échauffement que débute le show, alors que le public, jeune, s'installe dans la Salle Gémier, à "potron minet": il est 10 h du matin et l'on s'étire mentalement avec lui, alors que plus sérieusement, il danse déjà "gaga" au vu et au su de tout le monde tout "feux allumés"!
Un démarrage original pour ces précieux instants que nous passerons en "bonne compagnie", quelques instants plus tard.
Alors survient le phénomène de cette danse peuplée de gestes incongrus, immodérés, insoupçonnés de notre propre vision du mouvement.
Illusion, leurre ou magie, on retient son souffle après quelques consignes émisses par des voix off: surtout, les jeunes, "éteindre votre portable", nomophobie oblige, pour mieux l'étreindre à la sortie, s'en libérer et regarder, écouter la danse démantibulée de ces corps jetés à corps perdus dans un marathon savant de poses débridées, désarticulées.
C'est une pantomime d'automates désarticulés, de pantins agiles, de robots dociles, savants circassiens de la danse contemporaine qui s'agitent, fébriles devant nous. Déséquilibrés, fous de danse, gaga de voltes face, de distorsions et de malice aussi. Car loin d'être des bêtes dressées à un style, voici des interprètes galvanisés par un orpailleur des personnalités qui savent se fondre dans un unisson, autant que se singulariser dans de courts solos où on évalue largement leurs capacités identitaires!
De la danse, telle qu'on en rêve, fougueuse, inventive, ébouriffante, réglée pour un final remarquable où sur des chaises instables, chacun va de sa chute, de sa glissade en gestes , ricochets à l'appui où le trouble est semé.
De noir vêtus, les voilà, ravis, emballés qui à leur tour passent et distribuent leur passion de la danse, au public, conquis, médusé, séduit par cette contagion joyeuse du geste réinventé en toute fantaisie, en toute "jeunesse" confié à des êtres d'exception.
La passation est salutaire et réussie, les jeunes "gaga" sont au diapason de cette hystérie contenue, heureuse et porteuse de bonnes nouvelles explosives, éruptives.
Pour preuve de savoir être ensemble, les danseurs invitent le public à les rejoindre sur le plateau, lors de duos simples et faciles pour le bonheur de tous: c'est touchant et émouvant, la dernière image comme celle d'un couple enlacé, vivant les premiers instants d'un raprochement amoureux, au bal !
Au Théâtre National de la Danse Chaillot jusqu'au 21 Octobre
"Tous Gaga" !
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