Femmes artistes
« Quelle place est accordée aux femmes dans l’histoire de la musique ancienne et contemporaine ? » s’est demandé Maud Le Pladec avant de créer counting stars with you (musiques femmes), une pièce qui réunit six interprètes au plateau. En collaboration avec l’ensemble Ictus, elle a choisi de travailler à l’élaboration d’une playlist, centrée sur des compositrices. Il en ressort un répertoire musical féminin inédit. La chorégraphe, accompagnée de DJ Chloé reprend le fil essentiel de sa démarche, les relations musiques et danses, qu’elle fait vivre sur scène dans un travail entrelaçant, souffle, voix, chant et mouvement. Une pièce où Maud Le Pladec témoigne de son engagement envers la cause des femmes en convoquant : « l’actualité des corps puisant dans l’énergie du dance-floor, du combat, et de l’affirmation de soi. »
Matrimoine musical ecclésiastique, matrice originelle du monde. Patrie monacale.
La musique traverse les préoccupations chorégraphiques de l'artiste
depuis longtemps: il est ici question d'aller plus loin en faisant
émettre, chanter, psalmodier les danseurs eux-mêmes Souffles, voix,
émissions a cappella, les vecteurs du son corporel sont multiples, le
chorus est berceau de la tragédie.Six danseurs s'inspirent du chant
médiéval polyphonique, en solo, en choeur, ancrés au sol ou lors de
divagations dansées. Le chant maitrisé par un beau travail vocal, alors que la
pièce va bon train sans encombre. En costumes de cuit noir très ajustés, manches bouffantes, ou en robe rouge vermeil, les cheveux des quatre femmes tissées de nattes virevoltantes. Des torsions de corps, des touts virtuoses habitent les voix qui sourdent des corps dansants. Performance qui donne à la danse une lecture délicate on l'on est tenté d'isoler le chant de la danse. C'est dans l'immobilité que cette réception se fait plus limpide, plus lucide à nos yeux.De petites courses éparses sur le plateau, rapides, fugaces et des solos magnifiant chacun dans son altérité. Danse "chorale" qui soude le groupe, la horde, cette tribu iconoclaste reliée par la voix autant que le geste. De beaux ralentis égrainent des gestes félins, des portés en élévation christique, mystique et valeur sacrée à l'envi. Cérémonie païenne, cet opus délivre en cercle, reculées savantes et osées, la griffe de Maud Le Pladec, implacable chorégraphe de l’exigence, de la rudesse parfois, de l'intransigeance. Signature chorégraphique dans des lumières stroboscopiques ou rougeoyantes, matrice et instigatrice de rythmes foudroyants. Comme une tétanie satanique s'emparant des corps galvanisés par un exercice drastique et performant. Ballet de sorcières, sabbat, rock païen débridé à l'appui. Le rouge et le noir s'affrontent, l'interdit et le sombre se frittent en cadence dans cet univers singulier: une haie de danse serpentine comme zénith pour cette horde furibonde, hystérique, héroïque performance épileptique. En baskets Puma rouge et noir comme le tigre bondissant d'Orlowski....
Au final, c'est un show parodique,
micro en main, qui met du piment dans cette démonstration de
l'impact de la voix dans l'art chorégraphique.Ça sonne clair et les notes s'emballent au profit d'un étrange exercice très ambitieux. Questionner la musique, les corps résonnants c'est faire œuvre d'expérimentation du souffle, de la vie, de la musicalité des corps dansants. Oeuvre monacale et spirituelle où le risque est omniprésent..
A Pole Sud les 24 25 Janvier dans le cadre du festival "L'année commence avec elles"
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