Du côté des femmes
Figures féminines, êtres hybrides à mi-chemin entre mythes et réalités, ce sont les « guérillères ». Sur les voies de l’étrange, Marta Izquierdo Muñoz chorégraphie avec humour un monde entre les marges et la culture de masse. Ses combattantes utopiques ont le goût du jeu et des métamorphoses. Avec la complicité de ses interprètes, l’artiste espagnole crée une autre forme de récit qui se conjugue à la troisième personne du féminin pluriel. Une ambiance pop, étrangement ludique, voire ironique, envahit le plateau et dessine un paysage de fiction. Nourrie de références, ponctuées d’accents drôles ou dramatiques et d’éclats poétiques, cette pièce revisite les codes de la danse en jouant sur la transformation des corps avec une écriture organique et des images fortes en sensations.
Petits tutus de tarlatane en genouillère en costume étrange comme des personnages de bande dessinée, trois escogriffes prennent le plateau, petite géographie graphique comme un sol strié de fleuve, de courbes de niveaux.Tirailleurs-euses à mitraillettes virtuelles, les voilà grimaçant en diane chasseresse, lance ou hallebarde au poing. Triolet joyeux et très sonore, musical en diable c'est à une chevauchée burlesque que l'on assiste. A dada, à hue et à dia en poésie sonore qui s'ignore. Flânerie sauvage dans une jungle évoquée par une bande son magistrale, de bruits, d'ambiances et autres univers changeants.On vise dans le mille, en cavalcade de combat, fléché, sagittal, mimodrame contemporain et ethnique en diable.
eric martin |
Quelques pas de danse baroque esquissés, relevés pour voyager dans les temps plus civilisés.Désinvolture primesautière, pimentée de bon aloi. Caricature de jeu de massacre, monstres à désigner comme quasimodo de foire, chimères, les icônes vont bon train, trubliones et nées sous de très beaux éclairages. On y boxe sur un ring de pacotille, uppercut au poing en bons enfants terribles. Des "nénés" brodés sur la poitrine, en cible de choix. Ces rescapés du désastre en petit groupe compact s'amusent et nous divertissent joyeusement, à la Decouflé ou Chopinot des débuts...Solidaires complices qui forment un pilier de cathédrale sous les salves d'une guerre fantomatique. En un combat douteux. C'est très "télévisuel" à la Jean Christophe Averty , ça roule des mécaniques, c'est oulipo ou écriture automatique à souhait. Telle une odyssée de l'espèce dans une mythologie détournée, illustrée, incarnée en poses mythiques de soldat, de guerrier grec.Hippique aussi avec ses têtes de chevaux, jouet ou objets tronqués qui s'affolent en manège enchanté. Un texte en off nous délivre quelques vérités bien pensées sur "le genre": "Guérillères" de Magalie Mougel ou de Monique Wittig, on choisira les références lors d'un grand débat! Les petits chevaux hennissent comme des révolvers braqués sur nous et l'on a même pas peur dans cette mascarade bouffonne réjouissante. Satyre sur du Satie-rique, sur des percussions réverbérantes au sol , musique ethnique typique, épopée ritualisée par des masques sur fond de fumeroles, tout y passe à loisir. Marta Izquierdo Munoz, pince sans rire et pleine de détonateur pour une guérilla incisive et féroce sur "le genre" humain...
A Pole Sud les 26 27 Janvier dans le cadre du festival "L'année commence avec elles"
A lire:
"Guerillères" de Monique Wittig. Depuis qu'il y a des hommes et qu'ils pensent, ils ont chacun écrit
l'histoire dans leur langage : au masculin. « Si les mots qualifiés sont
de genres différents, l'adjectif se met au masculin pluriel »
(Grévisse). Les Guérillères s'écrivent comme sujet collectif à la
troisième personne du féminin pluriel. Dans les lacunes des textes
magistraux qu'on nous a donnés à lire jusqu'ici, les bribes d'un autre
texte apparaissent, le négatif ou plutôt l'envers des premiers,
dévoilant soudain une force et une violence que de longs siècles
d'oppression ont rendu explosives.
Les Guérillères est paru en 1969.
"Guérillères ordinaires" de Magalie Mougel est un recueil de poèmes dramatiques qui rassemble trois monologues
féminins. Ces trois femmes sont liées par une oppression quotidienne, une invisibilité de leurs
souffrances. Elles sont toutes les trois victimes de violences patriarcales et cherchent
comment s’en sortir. La fatigue de ses femmes usées et abusées dont la vie est tellement
douloureuse, qu’elles cherchent à « dormir dans le bonheur de la mort. » T rois destins
funèbres.
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