EXPOSITION
Depuis une vingtaine d’années, François Sarhan a cultivé le personnage fictionnel du Professeur Glaçon. Encyclopédiste, conférencier, grand rassembleur esseulé de la disparité collective, petit négociant du sens modestement rabouté Sarcastique en diable, d’une sagesse incommensurable. Chez lui, au premier coup d’œil, rien ne semble vraiment cohérent, et pourtant, tout se tient. Car pour le Professeur Glaçon, le collage infini, l’écriture automatique ou la combustion musicale spontanée sont des réponses à l’explosion formelle de l’art. De la multiplicité ingouvernable sont nés un monde parallèle animiste, une épicerie et son arrière-boutique.
Pas de quartier pour cette épicerie citadine solidaire de proximité!
Il n'a rien d'un épicier, marchand d'une boutique d'épices, mais c'est en scénographe décoiffant que François Sarhan pose son regard, son écoute sur le monde. Nécessité d'intervenir sur les clichés qui enferment la notion de monstration, de commissaire d'exposition, . Alors dans ce bouleversement de "points de vue" on se balade à l'intérieur d'un petit appartement occupé par les reliefs d'une vaisselle empilée dans une cuisine ouverte, sauf que tout est collage, découpage et suspension d'assiettes en carton, en trompe l'oeil.
Epicerie fine
L'espace est bluffant, on perd ses repères spatiaux et dans ce leurre de perspectives on perd pieds. Et c'est le but: celui de déplacer les corps et les esprits, ailleurs en toute simplicité, en acceptant de se déraciner un peu de nos fondamentaux. Profiter de cette épicerie en solitaire, c'est aussi rendre visite à un artiste qui chérit l'art brut de coffrage, l'instinct, le sensible et le "jamais encore vu ni ressenti". Hors norme et sans chichis ni falbala comme ses créations musicales théâtralisées, comme sa passion pour la transgression de ce que l'on apprend sans le vivre. Une échappée belle dans l'univers de l'artiste à vivre comme un anti-client d'un commerce étrange.
Un Sarhan, ça trompe énormément
On saute sur l'occasion pour se décaler et apprécier la justesse de la naïveté de Sarhan, de sa crédulité à savourer les petits plats du quotidien dans un bric à brac en vrac, un joyeux bazar pluriel de la diversité.
Attention aux perspectives fuyantes lors de la visite et poussez le rideau de velours noir pour regarder et écouter les voix du monde. Cocooning comme récompense de votre curiosité!Durable, équitable, bio? Cette épicerie de proximité en milieu urbain est un phénomène à ne pas rater et "visiter" sans modération dans ce quartier touristique à la Martin Paar où tout semble programmé et caricatural... .
Lire: "A taste for Mulhouse" Auteur Martin Parr Éditeur Médiapop
vernissage jeu 12 sept - 18h30
QG du festival - Ancienne Poste - place de la cathédrale
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