Conférence
Un temps d’échange avec le musicien,
compositeur et artiste plasticien Christian Marclay qui crée notamment,
depuis les années 1990, des « partitions graphiques » défiant les
conventions de la composition musicale traditionnelle. Rencontre d'exception avec un "instigateur" et non un "compositeur. Marclay se réclame modestement d'être un expert en trouvailles sonores, fruits de recherches, de découvertes et de rencontres avec les objets. Ne sachant ni lire ni écrire la musique, le voici libre de composer à son gré de l'impromptu, du burlesque, de l'humour des notes. La musique possède un statu d'objet d'où l'on peut transformer, transposer les sonorités. Avec du "rien", sur place, in situ! La musique reste "concrète" physique et instrumentale. Sans amplification, tactile, perceptible, banale, triviale. Transformer des sons en notes, voici le pari réussi mais pas gagné pour les musiciens interprètes de sa dernière oeuvre jouée à MUSICA. Du plaisir avant tout dans l’exécution de cette pièce sans pièges. Le triangle chef, auteur et interprète reste essentiel dans le bonheur du compagnonnage. Les coutures, les superpositions de "Constellation" sont proches de ses collages, assemblages fortuits, spontanés avec pour une fois une partition "écrite". Toujours "en mouvement" ce créateur iconoclaste est en quête de métaphysique. La Physicalité brève et éphémère des objets le hante, le préoccupe et l'inspire toujours.Les disques, sillons et autres modes de reproduction figent le son, l'informatique sur ordinateur est sans présence tangible. Une pochette de disque est manipulable: l'image et le son le deviennent, palpables, concrets. On commercialise la musique trop souvent! La musique est sociale, éphémère, vivante.Et ça fait "crac, boom, hu"!
Le souvenir unique d'une représentation comme celle à ST Paul est remarquable, singulière. Un souvenir différent pour chaque auditeur à l'écoute du présent. Pas de reprise ni de répétition possible dans une performance. Le "live" est aléatoire et riche de tension: c'est un événement qui va vers la désacralisation de l'instrument qu'on ne saurait pas jouer par ignorance. Son oeuvre est inclassable et les onomatopées de ses partitions faites de bulles de BD font figure de légende. Entre images et mots, la narration devient rythme et musique selon celui qui s'en empare. Le "Grand Verre" de Marcel Duchamp comme emblème de sa créativité, archéologie du futur musical accessible à tous ceux qui voudraient bien s'avouer et se reconnaitre à travers sa démarche généreuse, ouverte à tous les possibles.Une belle conversation entre l'artiste, Stéphane Roth introduite par l'enthousiasme de Anna Millers complice de l'exposition "mode d'emploi". Suivez les guides!
Dans le cadre du festival Musica. à l'auditorium de MAMCS
Le 27 septembre 2024 : 14h30
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