samedi 15 février 2020

"Shaker Kami": Nik Bartsch et les Percussions de Strasbourg: chamane et serviteurs du cosmos.


« SHAKER KAMI » – PREMIÈRE
Dans la continuité des collaborations avec le monde du Jazz (Andy Emler Megaoctet, Bobby Previte, Franck Tortiller Quartet…), les Percussions de Strasbourg s’aventurent dans l’univers du jazz minimaliste de Nik Bärtsch. Son travail est au carrefour de la musique contemporaine et du jazz, et se nourrit d’influences venues du funk. Dans sa musique, l’utilisation de la répétition et de structures à base d’entrelacement d’éléments laissent entrevoir l’influence de la musique minimaliste, et en particulier celle de Steve Reich.

La nuit est venue: du haut des cursives de la salle de concert, des grillons, des criquet craquettent de concert, cliquettent dans le noir: nuit d'été, charmeuse où l'on entend des coléoptères voler dans un silence recueilli. Salle comble et attentive, mise au pas par cette ambiance quasi hypnotique, entrée en matière pour cette "création mondiale"...Devant nos yeux et oreilles pétrifiées...Des sons crochetés, comme des graines secouées, des timides percussions naturelles, réunies pour une petite cérémonie rituelle, les six musiciens tout en noir dans l'obscurité....
Puis c'est la montée sur scène, estrade qui accueille cette ronde  dans des rythmes répétitifs sempiternels, en attitude sculpturale, six personnages à la Rodin, gestes des mains comme dessinés dans l'espace donnant chair et couleurs à ses graines secouées comme les soupesant, les considérant pour leur jouissants crissements. Transe et hypnose au poing. Puis chacun regagne sa place, son "endroit", son pupitre pour entamer une longue et belle litanie: c'est parti pour un voyage au long cour, répétitif, enivrant, façon et griffe Nik Bartsch mais de surcroît épaulé par le savoir percuter de Percu ! Mélange, alternance, mariage pour un "duo" duel de formations: un soliste pianiste renforcé par une couronne de percussions efficaces dont le langage propre et singulier se mêle aux touches de notes de notre pianiste, tr-ès zen, en moine tibétain, maitre de cérémonie païenne. Très riche en couleurs, carnations dans un jeu sensible de boite à musique, d'évocations d'univers et d'atmosphères variées, appropriées à cet ensemble singulier, unique. Paysages avec son de cloche, scie chuintante, claquements, frappements de tiges de bois... Le pianiste s'agite, s'émeut percussif tout de sons scintillants, lumineux, acidulés: une belle montée en puissance, envahissante, déferle, quelques sonorités brésiliennes avec des batons de pluies et maracas... Ou au royaumes des cigales qui crissent, frottant leurs élytres pour nous charmer, nous appeler à les rejoindre. Horlogerie détraquée aussi, en tempi rythmés, démontée pour tuer le temps, le modifier ou le pétrifier. ça sonne, ça défile et va bon train, clinquantes envolées, puissants timbres et volumes réunis.
Une reprise du piano comme leitmotiv et enluminure, transformée par tous les bouts de cet instrument devenu percussion, modifié par la proximité intime de l'ensemble des cinq musiciens aux commandes. Belle osmose, vases communicants entre instruments et accessoires divers et variés: son propre écho comme sans voix qui se déchaîne puis retourne à sa source, calme et tranquille. Nik Bartsch, mentor et chamane, chef de tribu bordé de compagnons nouveaux et conquis par ce côté jazzy orchestral, puissante évocation d'univers sidéraux, spirituels, incandescents.
Une réunion à batons rompus, percussions à cappella, solo de piano pour des instants uniques de grâce...Ruptures cinglantes, surprises, détournement de l'attention: du tout Nik Bartsch, relié aux sonorités des Percu, jamais retranchées, toujours magnifiées par ce compagnonnage inédit.  Amoureux des rencontres, chocs et découvertes ont été conquis!

Au Fossé des Treize dans le cadre de la saison Jazzdor à strasbourg le 14 Février

SUISSE – ARGENTINE – FRANCE
Nik Bärtsch, piano
Galdric Subirana, percussions
Enrico Pedicone, percussions
Rémi Schwartz, percussions
Flora Duverger, percussions
Théo His-Mahier, percussions
Olivier Pfeiffer, ingénieur du son



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