Pour sa première création, LA RONDE s’inspire d’une expérience d’écoute des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach. Chloé Zamboni poursuit ce qui n’était qu’un laboratoire de recherche avec Marie Viennot pour former Magdaléna : un duo chorégraphique contemplatif, centré sur une exploration somatique du mouvement. Rigidité du dos et lignes de bras fuyantes se manifestent autour d’un travail d’oscillation du bassin concentrant l’attention. Au milieu d’exercices minimalistes et cliniques se déploient des états sensibles, cherchant des échos intimes chez les spectateurs, installés dans une proximité rare. Cette proposition gémellaire appelle une divagation de l’âme dans un florilège d’émotions.
Deus entités se regardent, s'observent, se joingnent dans une sirte d'unisson-mirir déformant: soeur siamoise ou jumelle très inspirées d'un tableau de Chassériau "Les deux soeurs". Ou pas du tout...
Demeure cette gestuelle en posture fragmentée dans un silence que seul l'absence de musique révèle. Les deux corps enlacés, assis, cheveux lissés et raie au milieu, s'assemblent, se ressemblent. Le jeu de mains, doigts écartelés se fait graphique et très plastique. Les gestes précis en "petits bougés" laconiques sont des perles d'un collier qui leur sied à merveille. Tout en noir comme deux reflets d'une même personne doublée de son ourlet fantasmé. "La danseuse et son double" assurément pour mieux se séparer l'une de l'autre esquissant au sol des mouvements et postures aux allures de gisantes animées. Les orteils en éventail, savant jeu délicat et tactile. Elles se relaient l'une l'autre et se retrouvent pour incarner un être hybride, une bestiole fantastique, une chimère évasive et interrogative. Un savoureux duo inspiré de la métrique, des fugues et autres facéties du compositeur le plus exigeant en matière de composition et architecture sonore. Un choeur a cappella où deux soeurs seraient immortalisées dans une matière mouvante, corporelle, sensuelle à souhait .Sobre, épurée, domestiquée par une signature chorégraphique unique et singulière. Un travail d'orfèvre qui séduit et touche par la frugalité et le dépouillement. Les regards s'y croisent ou s'ignorent dans un espace sonore réinventé qui puise aux sources de la vibration. Saveurs délicates d'un opus élégant, réversible à double face.
A Pole Sud les 21/22 Janvier dans le cadre du festival "L'année commencent avec elles"
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