Cassant les codes du beau et des silhouettes filiformes, Silvia Gribaudi poursuit son dynamitage en règle des normes. Souvent en scène avec son corps tout en rondeurs (Graces), voilà qu’elle laisse le plateau à Claudia Marsicano. Sa complice interprète une prof d’aérobic pas comme les autres. En 10 exercices, nos préjugés sont battus en brèche, sa technicité sans failles prouvant qu’elle n’a rien à envier à ses pairs aux physiques de podiums. L’humour bravache en étendard, c’est bien le rôle social dévolu aux femmes – conscientisé ou pas ! – qui est remis en question, la grossophobie galopante n’étant que la partie émergée d’un iceberg de clichés tenaces. Le tour de force de ce one woman show italien à nul autre pareil est de réussir à rallier le public à sa fièvre dansante.
Le sol est tout rose, les pendrillons en contraste noir: voici l'arène où apparait une femme, maillot de bain bleu turquoise enveloppant son corps, Vénus callipyge que l'on se prend à ausculter du regard, non par curiosité mais pour y découvrir des formes corporelles inédites. Et la voici qui se présente de profil et se met à chanter d'une voix forte et chaleureuse, un air de country. Elle s'exprime en anglais et s'adresse au public, désormais complice pour lui faire exécuter à l'unisson des gestes simples qu'elle pratique avec aisance. Son corps mouvant comme vecteur et directeur de consignes collectives qui nous rassemblent alors en empathie autour d'elle. Plus tard elle s'adonne à de petites percussions corporelles dont chacun des spectateurs s'empare pour se faire du bien alors qu'elle reprend une chanson traditionnelle. Sa présence est forte et impacte le public. En sous-vêtements noirs, elle se fait sexy et aimable mannequin anticonformiste et inclassable effigie féminine dansante.Silvia Gribaudi confie à Claudia A.Marsicano la tache d'exprimer en toute sincérité sa joie et son bonheur de bouger, de faire des roulades toniques et au final de glisser sur une nappe d'eau comme une sirène enjôleuse. Un splendide numéro de grimaces, de faciès déformé par la tonicité de son visage est un moment de délices et de surprises très convainquant.Question de mouvance d'un corps magnifié par des éclairages moulants et une gestuelle très fine, surtout des bras et poignets, doigts et autres petites articulations. Son sourire et sa bonhomie font mouche , son humour et son détachement autant que son engagement font de Claudia l'idole d'un soir. L'ovation du public comme une reconnaissance et une considération très humaine et joyeuse hors des canons battus de l'esthétique de la danse. Il existe des danseurs "grassouillets" comme Olivier Dubois ou Thomas Lebrun, alors pourquoi ne pas revendiquer ce bel aspect du corps dansant au féminin...
nana de niki de saint phalle
Il fallait R.Oser! Les Nanas de Niki de Saint Phalle ou de Botero n'ont qu'à se tenir à carreaux!
A Pole Sud les 28/29 Janvier dans le cadre du festival "L'année commence avec elles"
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