Avec sa dernière création, Mourad Merzouki, directeur du CCN de Créteil, compagnie Käfig, nous offre une véritable surprise. Un spectacle très "plastique", oeuvre cinétique, aux contours inspirés de Taiwan, comme il le fut par le Brésil ou d'autres disciplines comme la boxe, les arts martiaux.
Réussite totale pour cet hommage à la trame et à la chaine, aux canuts de Lyon autant qu'aux prestigieux costumes et tissus du monde asiatique.Dix danseurs dont trois danseuses, circassiennes et contorsionnistes, se partagent le plateau devenu le lieur, la trame d'une narration figurative, très plasticienne. Tout démarre par un chorus de corps, à terre dessinant des formes évolutives qui se passent l'énergie et se conforment à un rythme étrange de métamorphoses plastiques à vous couper le souffle. Mutation des corps éclairés et réfléchis par un sol luisant qui transfigure et démultiplie les effets de lumière. C'est beau, poétique et hypnotique à la fois.Tandis qu'une trame de fils surgit des cintres, se glisse entre les danseurs et suggère toute "la condition des soies", ces lieux où l'on traite le fil si noble né du cocon des muriers à bombix. Hommage à la noblesse de la matière, aux doigtés des artisans, à la mécanique aussi, celle des tisserants au travail, celle de danseurs hip-hop qui n'ont plus rien de caricatural du genre gestuelle répétitive et saccadée.
Mourad Merzouki franchit désormais les frontières d'un langage oublié, mis de côté. C'est la danse qui prend le pas sur l'identité gestuelle hip-hop, pour le meilleur.La scénographie, riche de surprises, de scintillements, de brio est signée de Benjamin Lebreton, les lumières de Yoann Tivoli et l'alchimie opère avec la direction chorégraphique essentiellement basée sur le chorus, l'unisson. Quelques très beaux solos égrenant le spectacle et au final après tant d'émerveillement c'est au batel de faire le reste: chasser le naturel, il revient au galop mais avec pudeur et décence: oui, le hip-hop sur des musiques aussi prenantes que celles du groupe AS'N entre autre, c'est un écrin d'inventivité, de plasticité, d'énergie aussi au coeur de la création chorégraphique d'aujourd'hui.
Le public de la Maison de la Danse de Lyon ne s'y trompait pas, saluant, debout le talent de Käfig, l'enfant du pays consacré comme il se doit par une notoriété galopante bien méritée!
mardi 18 septembre 2012
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