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Henri est italien,patron de son petit bistrot"La cantina": simplet, grognon, il assiste sa femme pour faire tourner la boutique:les clients, des copains, ses potes, deux soulographes patentés sont ses habitués.
Sa femme vien t à mourir et il doit reprendre le flambeau malgré sa flamme éteinte.
Mais sa flamme est éteinte et se sera l'arrivée d'un "papillon", Rosette,une résidente d'un foyer voisin "les papillons blancs",pour handicapés mentaux qui lui redonnera le gout de vivre et ravivera ses feux éteints!
Un papillon aux évolutions dansantes.
Pippo Delbono dans le rôle de Henri est à son image, frustre, rustre comme le veut ce personnage, quasi muet, plongé dans l'alcoolisme, l'abus de bière belge, comme ses deux compère, piliers du bistrot en dérive.
Elle, Rosette c'est Candy Ming, légèrement décalée, différente mais qui aspire au bonheur simple et à l'accès d'une vie "normale".
Le regard des autres sur elle, sa différence, n'est pas toujours bienveillant...
Elle est belle surtout quand Henri lui offre dans un geste incontôlé, la robe fleurie de sa défunte femme.
Une merveilleuse scène: Rosette s'envole quasiment, les bras ouverts, à l'occasion d'un lâché de pigeons, les animaux favoris de Henri qui en héberge dans son pigeonnier attenant au bistrot.C'est grandiose que ce geste d'ouverture, d'accueil et de joie évidente, réelle et généreuse.
Autre séquence, volée au bonheur lors de l'escapade de Henri et Rosette en bord de mer:le matin, elle s'enroule dans les rideaux blancs, comme une madone en béatitude, ravie, heureuse dans sa quiétude: le ravissement à l'état pur dans l'innocence, la grâce!
Et puis "la main courante": cette expression qu'elle prend naivement au pied de la lettre en mimant de ses doigts, une main qui court sur le zinc!Image qui sera reprise par Henri lors d'un interrogatoire à la police où on lui signale qu'il est mentionné dans la "main courante", celle de la justice qui ne comprend pas que l'on puise aimer et considérer une fille "handicapée", dans son intégrité.
Rosette se délecte à plier les serviettes de tables en oiseaux de paradis, avec un sourire qui étonne les clients septiques....Ce "papillon" n'en fait qu'à sa tête, qu'à son corps, en enfant, illuminée par l'insouciance, la justesse.
La scène finale: Henri danse au fond de son café, ravagé par ses soins: il est libre, heureux et bouge avec conviction, grâce savoureuse.Pippo rayonne en danseur épris de majesté et de respect personnel retrouvé.
Rosette a joué son rôle de messie de prophète comme dans les films de Pasolini! (Théorème)
Pas de hapy end cependant quant au couple improbable Henri-Rosette: pas d'illusion sur notre sainte société bien pensante quant aux personnes , ces "papillons blancs" qui volent au delà de leurs rêves, bien plus loin que nous, bien plus sincères et vrais que notre raison .
Rosette est- elle actrice, comédienne handicapée ou simplement elle-même admirablement bien filmée et mise en scène par Yolande Moreau, guidée par Pippo Delbono dont on connait les connivence avec le monde du soit disant handicap mental!???
Un film tendre, très juste où jamais le patos ou la compassion n'entrent en jeu: normal, quand le corps parle si bien sans les mots, les bavardages, quand les gestes sont justes, les attitudes très dansées, et chorégraphiées naturellement on peut se dire: "c'est de la danse contemporaine"!
Le pays est semblable à l'esprit et au charme de nos héros:à la fois banal, gorgé de bière qui coule à flot et fait oublier le reste et la platitude du monde, sauf quand on s'endort sur un terril de débris de verre: ceux des bouteilles de bière entassées sans "modération", venant gonfler les ventres et fait chavirer les corps ennivrés!
La mer berce tout ceci et la marée montante ravit ce monde grisonnant où la grisaille sévit.
La musique de Wim Willaert colle au sujet:vive, nostalgie, très acoustique et convaincante.
Les cadres, les images à la composition très symétriques viennent mettre de l'ordre et de l'équilibre dans cette aventure légèrement "déséquilibrée" qui redonne le goût des frites craquantes, simples comme on aime les déguster: en cornet et avec avec appétit!
Yolande Moreau est décidément une drôle de femme!
voir aussi d'autres film sur et avec des "déficiants mentaux"
"Trois frères à la carte" de Sylvia Haselbarth
"Gabrielle" de Louise Archambault
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