dimanche 11 janvier 2015

Jean Weidt: le danseur rouge


Réalisation : Jean-Louis Sonzogni,Petra Weisenburger,Klaus-Peter Schmitt. Production : La Sept, Lieurac productions. Participation : CNC, SWF Baden Baden, Télé Europe.
A Hambourg, en 1927, alors que l'Allemagne compte quelques six millions de chômeurs, Jean Weidt renonce à son travail de jardinier pour se consacrer à la danse. Dans un pays sans tradition chorégraphique spécifique, il rejoint de jeunes artistes passionnés qui veulent libérer la danse et se libérer par elle des codes du ballet classique. La danse expressionniste va naître.

Un documentaire tourné à Berlin en 1988, année de la mort de ce danseur expressionniste autodidacte. Le vieil homme évoque des souvenirs au fil des questions posées par ses élèves dans le conservatoire où il enseignait encore. Sa danse, précise-t-il, a toujours été attentive aux messages sociaux. Ses personnages sont des ouvriers, des soldats, des exclus. Proche du parti communiste, Weidt a, peu ou prou, toujours milité pour une vie meilleure et un changement de société. Son existence rude, souvent miséreuse et ballotée par les événements, ne l'ont jamais empêché de danser, comme cette nuit d'été algérienne où, pendant la deuxième guerre mondiale, il créa devant cinq mille soldats anglais en permission un faune céleste et vigoureux sur la musique de Debussy. 
 Le danseur et chorégraphe Jean (Hans) Weidt a été l’un des protagonistes de la danse moderne dans la République de Weimar.
Né en 1904 à Hambourg de parents ouvriers, son enfance est marquée par un grand dénuement matériel. Il débute comme danseur à Hambourg et arrive à monter sa propre compagnie, avec laquelle il se produit entre 1925 et 1928 dans les Kammerspiele, la Curio-Haus et l’Opéra (encore appelée Stadttheater Hamburg). A partir de 1929, il travaille à Berlin, entre autres avec Erwin Piscator. Ses chorégraphies cherchent à représenter la vie des ouvriers, soldats et vieilles gens par les moyens de la danse.
Dès janvier 1933, il est arrêté par les Nazis pour son appartenance au Parti communiste et pour avoir monté le ballet «Potsdam» qui vise à démasquer Hitler et ses complices. C’est ainsi qu’il échappe à la vague d’arrestations que les Nazis organisent dans la foulée de l’incendie du Reichstag. Dans son autobiographie «Jean Weidt. Auf der großen Straße – Sur la grande route», il raconte sa libération grâce à l’intercession du réalisateur et metteur en scène Karl-Heinz Martin (et non, comme on a pu le lire dans des publications récentes de 2010, grâce à Gustaf Gründgens).
En mai 1933 Weidt réussit à se réfugier en France où il fonde les « Ballets Weidt » et les « Ballets 38 », avec lesquels il devient l’un des plus éminents chorégraphes et danseurs modernes de la France. Après l’invasion allemande, il est interné comme «étranger ennemi» dans un camp en Algérie. Après la fin de la guerre et son retour à Paris, il connaît une période de grande fécondité artistique, à laquelle Françoise et Dominique Dupuy participent en tant que membres de ses «Ballets des Arts».
En 1948 Jean Weidt s’installe à Berlin-Est où il travaillera comme chorégraphe et professeur de danse jusqu’à sa fin en 1988.
Traduction française par Fritz Wittek-Kaïm 

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