Yasmeen Godder, une des personnalités de la danse israélienne, propose avec cette pièce au titre intriguant, une vision de ses propres fantasmes à travers l'évocation de l’indicible, du fantomatique, du spectral.
Elle s'inspire des espaces cinématographiques avec un oeil très "focal" qui ne cesse de zoomer sur les corps, les personnages:un oeil caméra avec reflets!
Ses points de vue rejoigent ceux du 7ème art dans la mesure où ils délocalisent les sujets, l'action et en font aussi de la matière virtuelle, onirique, impalpable.Hantée par les possibilités de décaler, de dépasser le réel, la voici donc dans l'investigation du royaume de matière fantomatique, qu'elle creuse comme un bon terreau.
Le "revenant" questionne la part intime de la danse, celle de l'interprète; la chorégraphie se réfléchit, se reconstruit entre fiction et abstraction.
Un projet qui s'inscrit dans le cadre de "dance trip", échange culturel porté par le Rhin supérieur, porté par Pôle Sud, le Maillon, le Theater Freiburg et la Kaserne Basel
A Pôle Sud les 21/ 21/ 22 Novembre à 20H30
La scène est nue, occupée par une chaise de plastique blanc: deux personnages surgissent, deux femmes vraisemblablement, dont les visages sont dissimulés par un châle noué, comme un masque, occultant les expressions du visage.
Un duo démarre, duel, confrontation de ces deux entités magnifiquement costumés d'étoffes chamarrées et chatoyantes, talons hauts, très Leigh Bovery au féminin. Deux espèces d'êtres vivant, fantômes de fantasmes, ectoplasmes de pacotille, spectres de nos désirs, de nos frustrations aussi
L'autre est semblable et différent. Les gestes s'amplifient au fur et à mesure, la tension augmente au son des effets musicaux qui hantent l'espace. La chaise devient partenaire, ennemi, source et objet de menace....Un manteau gabardine va servir à brouiller les pistes, masquer le corps de l'une pour mieux "avancer masquée" et se confondre avec des formes évoquant le fantôme Puis elles disparaissent pour ne plus faire place qu'à l'une d'elle: elle est nue, de dos et va revêtir la même étoffe que le rideau de scène, brillant, lisse, réfléchissant la lumière quadrillée.La danseuse se love dans le tissu, ses mouvements basculent, ondoient et l'on se retrouve face à un spectre.Un vrai?
Travail très plastique, recherche sur le tissu, la matière: on est proche du travail de sculpture de Daniel Firman, ses personnages de taille réelle, vêtu et dont le visage est toujours cagoulé ou dissimulé.
Une performance unique que cette pièce "ghost exercise" qui parle de l'étoffe des fantômes autant que de l'altérité de chacun.
Franziska Jacobsen séduit par la beauté et la plasticité des costumes, les interprètes par leur présence sur le plateau durant toute leur prestation.
Un "dance trip" très onirique!
lundi 18 novembre 2013
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